Élections : la crainte du retour du grand blond

publié le 10/02/2024

Joe Biden et Donald Trump seront les deux champions de leurs partis respectifs… malgré leurs multiples défauts. Petit tour d’horizon de la presse mondiale

Le journal kenyan Daily Nation - Photo SIMON MAINA / AFP

Ce duel déjà vu en 2020 n’enchante pas. Le journal de référence de Colombie El Espectador retient que « deux tiers de l’électorat américain » ne veut pas d’un match Trump-Biden. Les grands thèmes de la campagne sont déjà connus : outre les sempiternelles questions de l’immigration illégale, la situation internationale et la question du soutien à l’Ukraine seront cruciales. Biden concentre cependant ses attaques sur le milliardaire dont le second mandat serait « une attaque contre la démocratie ». Tout se « jouera dans 5 États – Pennsylvanie, Michigan, Wisconsin, Arizona et Géorgie – qui ont voté pour Trump ».

En Asie, le caractère imprévisible de Donald Trump inquiète, et certaines de ses promesses électorales pourraient porter préjudice à ses alliés asiatiques. Le champion nippon de l’aciérie Nippon Steel est en bonne voie d’acheter des parts de l’entreprise américaine US Steel. Un chroniqueur du Japan Times craint que la promesse de Trump d’empêcher ce rachat soit un retour à la guerre économique des années 1980 entre les deux alliés. Alors que la relation entre Tokyo et Washington est au plus haut pour contenir Pékin, cette dissension pourrait-elle in fine profiter aux Chinois ?

Le journal d’affaires Nikkei Asia porte son regard sur Taïwan. L’« America first » du Républicain pourrait porter atteinte à l’industrie des microprocesseurs de l’île. Trump n’a jamais déclaré qu’il défendrait (ou non) l’île d’une invasion chinoise, au contraire de Biden qui a assuré son soutien par 4 fois depuis 2020. Un expert note « qu’un débat existe en Chine sur la question de savoir si Biden ou Trump serait meilleur pour Beijing ».

En Afrique, Donald Trump ne jouit pas d’une bonne presse depuis qu’il les a qualifiés de « pays de merde ». Le deuxième quotidien du Nigeria, The Nation, ouvre ses colonnes au professeur de droit Richard L. Hasen dont l’analyse inquiétante fait prendre conscience du risque que représente Trump pour la démocratie américaine. Des millions de Républicains sont persuadés de la victoire de leur candidat en 2020 et de la légitimité des émeutes du 6 janvier 2021.

Ce refus pourrait se retrouver chez les Démocrates si Trump gagne l’élection grâce au collège électoral, mais sans la majorité des voix. De quoi faire intervenir l’armée ? « Si et quand Trump sera de retour au pouvoir, il est facile d’imaginer que les manifestations de rue deviendront violentes, en particulier si un Trump nouvellement installé tente d’utiliser la loi sur l’insurrection et de soutenir l’armée et la police pour réprimer les manifestations dans les villes. »

Pour l’African business, journal basé à Londres, mais spécialisé dans les questions africaines, « les leaders africains doivent se préparer au retour de relations purement transactionnelles » en cas de retour de Trump à la Maison-Blanche. La relation « constructive » et parfois contrariée avec Biden pour le futur du continent laisserait place à de simples accords bilatéraux. Pendant ce temps, la Chine veille.

Malik Henni