Elly Shlein: la gauche italienne dopée!
Elly Shein, secrétaire depuis le 12 février dernier du Parti démocrate, à 38 ans, cumule un nombre d’atouts personnels impressionnants. Déjà les médias de droite l’attaquent. Bon signe ?
Née en Suisse de l’union de deux professeurs universitaires, l’un ashkénaze américain, l’autre catholique italienne, sœur d’une diplomate en poste à Athènes, nièce d’un célèbre avocat antifasciste appelé Augusto Viviani, et petite fille d’un grand-père ukrainien et d’une grand-mère lithuanienne, sa diversité est un formidable atout. Elena Ethel Shlein a trois nationalités, américaine, italienne et suisse. Elle parle sept langues. Et pour achever d’impressionner son monde, avec un brin de provocation, la voilà qui se déclare officiellement bisexuelle, précisant qu’elle « a aimé beaucoup d’hommes et beaucoup de femmes », mais refusant de révéler le nom de sa dernière fiancée.
C’est après ses études de Droit à la prestigieuse université de Bologne, qu’elle s’intéresse à la politique, à gauche. Mais en évitant toute tapageuse proclamation d’affinité, jusqu’au printemps 2022, où elle se porte candidate au secrétariat du Parti démocrate, sur une ligne plus à gauche, après en avoir pris la carte.
Un phénomène improbable va-t-il devenir réalité ? Qu’un parti en mal de renouveau instaure pour la première fois des « primaires ouvertes » (aux non-adhérents), soit. Mais qu’une jeune étrangère au nom imprononçable en italien, Elly Schlein, l’emporte avec 52,5 % des suffrages, soit 587 000 voix sans n’avoir jamais exercé aucune responsabilité dans l’appareil. Qu’elle occupe le fauteuil d’Enrico Berlinguer, l’immense leader eurocommuniste qui amorça l’alliance avec la gauche démocrate-chrétienne invraisemblable. Du jamais vu.
Une lourde tâche attend cette figure originale de la gauche européenne. Une fois passée l’euphorique divine surprise, Elly Schlein est attaquée dans son parti au nom de la tradition. En filigrane, la volonté de lui faire payer le prix d’avoir été choisie par les électeurs et non par les militants. Ainsi, dans la bataille contre le gouvernement de Giorgia Meloni, les critiques augmentent contre la collaboration interne, typique du Parti démocrate (PD), entre les vieilles allégeances communiste et chrétienne. L’idée étant de favoriser de nouvelles alliances électorales.
Ses opposants y voient un danger mortel pour le parti, crédité de 20 % des intentions de vote. La secrétaire aurait donc tort de chercher obstinément à construire une coalition orientée à gauche. Une fédération, serait même envisagée avec les populistes du Mouvement 5 Étoiles, crédité, lui, de 16 % des suffrages. On l’accuse en somme d’avoir « littéralement diabolisé le réformisme en faveur du mouvementisme », soutiennent les partis centristes frustrés.
Avec, disent-ils, la perspective d’un échec fracassant au bout du chemin. Par exemple, aux Européennes de 2024. Quant à la presse de droite, elle se déchaine contre cette « radicale chic », « juive anti-israélienne », « communiste anticapitaliste ». En fait, tout va bien.