« Embarquer »

publié le 30/09/2023

Novlangue. De Newspeak, George Orwell, « 1984 ». Langage convenu et rigide destiné à dénaturer la réalité

Initialement, ce terme évoquait l’action de monter sur un bateau ou de charger une voiture. Aujourd’hui, il est omniprésent dans tous les milieux professionnels, politiques et médiatiques.

Au lieu d’exprimer clairement nos intentions, comme le fait de devenir plus productifs, d’améliorer des résultats ou d’atteindre un objectif en équipe, nous préférons maintenant dire que nous allons « embarquer ». On « embarque » les gens, les équipes, les parents, les enseignants, les élèves et les citoyens pour réussir à l’école, en cours, au travail. Devenu un mot-valise, ce terme est utilisé à toutes les sauces, au point qu’il en perd sa signification initiale.

Pire encore, les politiciens se servent de ce mot sans se rendre compte qu’il n’est pas compris par la majorité des gens. Gabriel Attal, par exemple, affirme vouloir « embarquer les professeurs et les élèves dans la réussite », mais que signifie réellement cette expression ? Bruno Le Maire, de son côté, souhaite « embarquer les industriels dans une stratégie commune » pour combattre l’inflation. Une rhétorique floue qui masque la manière dont cette stratégie sera mise en œuvre. Les parlementaires ne sont pas en reste, puisqu’ils parlent souvent d’« embarquer » leurs collègues députés sur le vote d’une loi.

Pour les amateurs d’« embarquer », l’avantage du terme est d’être suffisamment large et vague pour laisser penser que de grands mouvements politiques sont en cours annonciateurs de projets concrets.

À voir…