Ersilia Soudais : je buzze, donc je suis
Députée novice, la jeune militante LFI se distingue plus par ses provocations sommaires que par sa connaissance des dossiers.
Quand le personnel la croise au cœur de l’Assemblée nationale, il fait face à une jeune femme souriante, polie, avenante. Mais elle peut aussi parler très fort, jusqu’à accuser des clients d’un restaurant proche de l’Assemblée d’être des « fachos » voulant contrôler « la vie et la liberté des femmes ». Elle garde toutefois une certaine cohérence : elle soutient mordicus qu’une alliance tacite entre frères musulmans pro-Hamas et mouvements LGBT/féministes est possible. C’est même le principe premier de la lutte des classes version LFI.
Parcours-éclair pour Ersilia, jeune professeur de français issue d’un bon milieu social et qui est entrée en politique presque par hasard. Après quelques années de militantisme féministe, elle est propulsée députée LFI en 2022, dans la foulée de la vague Mélenchon. Que peut-on retenir de son travail depuis plus de deux ans ? Des propositions de loi argumentées, des discours marquants ? Pas le genre de la maison. Elle laisse ça au RN, qui peaufine son image de parti institutionnel faisant élire des députés studieux et bien habillés. Ersilia n’est pas connue pour son ardeur au travail mais pour son goût des polémiques et pour sa proximité avec des individus sulfureux.
Très visible sur les sujets qui la mobilisent, elle détourne le regard des questions qui pourraient l’embarrasser. Quand l’Assemblée qualifie de « groupe terroriste » les milices Wagner, bras armé de Vladimir Poutine en Afrique, elle élude en accusant la France de se défausser de ses responsabilités, dans une diatribe anti-impérialiste datée et mécanique. Elle avoue ne rien connaître au conflit israélo-palestinien et se contente des conseils de Salah Hamouri, un avocat franco-palestinien proche du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Récemment, elle s’est prise d’affection pour Elias Imzalène, activiste islamiste notoire, qui appelait à l’intifada en plein Paris.
Quoique novice en la matière, Ersilia consacre beaucoup de son temps de députée à sa première passion : l’antisionisme. Elle a été présidente du groupe d’études sur l’antisémitisme de l’Assemblée nationale mais elle a refusé de condamner le Hamas et s’est juste contentée d’une formule un peu vague : « La haine attire la haine ». Sans bien comprendre le terme ni connaître l’histoire du mouvement sioniste, elle a fait sienne la lutte contre tout ce qui touche de près ou de loin Israël. Elle pousse le jeu de rôle jusqu’à se promener en keffieh, aussi bien à l’Assemblée que dans les rues de Paris.
L’entourage des dirigeants et élus politiques se doit d’être à la hauteur. Elle fait donc équipe avec des assistants parlementaires aux CV chargés. Citons Mathieu Garnier qui a un point commun avec Ersilia : son obsession des sionistes (pour ne pas dire « des juifs ») et qui se vantait d’être un « harceleur de journalistes », et surtout Ritchy Thibault, connu pour avoir qualifié les policiers français « d’enfants de Pétain » et pour avoir appelé à une « intifada » en France, ce qui lui a valu une interdiction d’entrer à l’Assemblée nationale. Après une comparution en août 2024 pour « menace de mort envers un représentant de l’État », son jugement a été renvoyé à mars 2026.
Au fond, la députée insoumise a un point commun avec beaucoup de macronistes : arrivée ici par hasard, perdue en politique, sans réflexion, références, ni réelle envie de travailler, elle se retranche derrière l’outrance et la méconnaissance des sujets. Gênant pour le débat public et, surtout, pour ses électeurs. On a appris récemment que Mathilde Panot et Manuel Bompard lui avaient demandé de se faire plus discrète. Si même eux s’y mettent …