Et le 1er janvier devint le jour de l’An

par Pierre Feydel |  publié le 30/12/2023

En 1564, le roi Charles IX décida que l’année commencerait au premier jour de janvier. Ce n’était pas le cas partout en France.

Charles IX - D.R

Le roi de France a entamé le tour des provinces de son royaume. Il est organisé par la reine mère Catherine de Médicis. Le voyage a commencé le 30 avril 1564. un an plus tard le cortège royal est à Lyon où la peste menace. La reine a très peur de cette maladie mortelle. Il est donc décidé de descendre la vallée du Rhône. Charles IX entraine avec lui 15 000 personnes, sa cour et celle de sa mère, une escorte militaire, le gouvernement et son personnel, des meubles, des artisans, des princes, des ambassadeurs. Il s’agit d’une démonstration de la puissance royale.

On décide de s’arrêter au château de Roussillon. C’est une vaste demeure de plaisance qui date de 1552, accolée à une maison forte. Le bourg se trouve non loin de Vienne, sur la rive gauche du Rhône. Les reines mères et le roi sont accueillis par le neveu du propriétaire, le cardinal de Tournon, diplomate, homme d’État, conseiller de François 1er.

Au cours de son périple Charles IX, a fait un certain nombre de constatations sur l’état du pays. Dans certains diocèses, l’année commence le 1er ou le 25 mars, à Pâques ,parfois le 1er janvier. Ce n’est pas sans provoquer de multiples confusions au niveau des actes juridiques administratifs. Il décide alors de confirmer l’article 39 l’édit de St-Germain établit à Paris début janvier 1563 qui décide que pour l’ensemble du royaume, l’année commencer le 1er janvier. Et c’est la « déclaration de Roussillon » datée du 9 août 1564 qui l’emportera. Désormais on parlera donc de l’édit de Roussillon.

Que dit le texte : « Voulons et ordonnons qu’en tous actes, registres, instruments, contrats, ordonnances, edicts, tant patentes que missives et toute escripture privée, l’année commence doresénavant et soit comte du premier jour de ce moys de janvier. » Ce texte a été rédigé par Michel de l’Hôpital, Chancelier de France, apôtre de la tolérance religieuse et Sébastien de l’Aubespine, homme d’église et diplomate qui signera l’édit.

Rentré à Paris, le roi renouvèlera son édit en 1566, lequel entrera en vigueur qu’en 1567. Le Texte comprend des tas d’autres dispositions : judiciaire et juridique, concernant les procès les héritages mais aussi plus pratiques comme celle qui stipule que tous les sergents doivent au moins savoir écrire leur nom que les banquets sont prohibés dans les facultés, etc.

Pour autant, le 1er janvier n’est pas une nouveauté. Charles Quint a fixé le début de l’année au 1er janvier quelques décennies plus tôt. En 46 avant, Jules César décide que le jour de l’an sera le 1er janvier. Ce jour est dédié à Janus, dieu des portes et des commencements. Divinité à deux faces, l’une tournée vers l’avant, l’autre vers l’arrière. En 1582, le pape Grégoire XIII étend la mesure à l’ensemble du monde catholique.

Quant au règne de Charles IX, il sera marqué par les terribles guerres de religion. Le 24 août 1573, le massacre de la St Barthélemy voulu par la reine mère Catherine de Médicis et le roi provoque la mort de milliers de protestants à travers tout le royaume. De tels événements feront oublier les quelques mesures utiles et intelligentes prises par le souverain. Comme la généralisation du 1er janvier.

Pierre Feydel

Journaliste et chronique Histoire