États-Unis, crise bancaire : Merci Trump…
L’épidémie américaine de faillites bancaires, qui menace la stabilité financière mondiale, a une origine : les décisions prises par l’ancien président
Toujours cette admirable lucidité des milieux financiers… La Fed, la banque centrale américaine assurait mercredi que « le système bancaire américain est solide et résilient ». Deux heures plus tard, on apprenait que la Pacific Western Bank, petite banque sise à Beverly Hills, riche quartier de Los Angeles, cherchait à se vendre en pleine panique pour éviter la faillite.
Dans ce monde « solide et résilient », c’est la quatrième banque américaine d’importance notable qui se retrouve au tapis depuis le début de l’année et sollicite l’aide des pouvoirs publics. Le week-end dernier, le mastodonte JP Morgan a dû voler au secours de la First Republic Bank, grosse banque régionale, sous les auspices du gouvernement américain. Celui-ci préfère une reprise en catastrophe, plutôt qu’un risque de panique générale, le « bank run », où les épargnants, craignant de tout perdre, retirent massivement leur argent des banques en difficulté, aggravant du même coup la crise.
Pour les commentateurs, ces craquements financiers – qui rappellent ceux qui ont précédé la crise de 2008 – s’expliquent par le relèvement des taux d’intérêt décidé par les principales banques centrales de la planète pour juguler l’inflation. Comme toute poussée d’inflation entraîne la même réaction des autorités monétaires, on se demande pourquoi les dirigeants des banques n’ont pas anticipé l’affaire…
Il est vrai qu’une grande partie du même milieu jugeait il y a trois ou quatre le retour de l’inflation impossible en raison de cette bienfaisante mondialisation qui écrase les prix par la concurrence. Au même moment les gouvernements procédaient à une création monétaire massive, dont les esprits candides savent qu’elle est par nature inflationniste.
Telle est la devise de tant d’économistes et de nombreux banquiers : « allways wrong, never in doubt » (« ils ont toujours tort, mais ils ne doutent jamais. »)
Ce que soulignent peu les mêmes commentateurs, c’est que les faillites de ces dernières semaines aux États-Unis touchent pour l’essentiel des banques régionales. Pourquoi ?
À cause de Donald Trump. Après le séisme de 2008, partout dans le monde, et notamment en Europe, les gouvernements ont imposé au secteur bancaire une législation contraignante les obligeant à conserver des réserves plus importantes qu’auparavant pour faire face aux crises.
Acrobate financier lui-même, pro-business dogmatique, Trump a jugé que ces règlements socialisants bridaient l’activité (en fait, les profits des banquiers). Il n’a pas osé toucher aux règles nationales, mais il a libéralisé autant que possible l’activité des banques régionales, qui occupent une place importante aux États-Unis.
Les mêmes banques sont aujourd’hui le maillon faible du système : gérées avec laxisme, trop spéculatives, elles n’ont pas assez de réserves pour rassurer leurs clients, qui les quittent l’une après l’autre, accroissant à chaque fois le risque de contagion.
« Make America great again », disait Trump, « Rendons sa grandeur à l’Amérique ». En matière financière, il l’a surtout rendue plus fragile.