États-Unis : leçon d’une grève dans l’industrie automobile américaine

publié le 27/09/2023

Joe Biden et Donald Trump se sont rendus dans les usines au contact des grévistes de Ford. Par Yves Barou

Un camion entre dans l'usine d'assemblage de Ford à Wayne alors que les travailleurs de l'UAW font du piquetage devant l'usine le 26 septembre 2023 à Wayne, Michigan. Le président Joe Biden devrait rendre visite aux travailleurs de l'automobile en grève dans le Michigan dans le courant de la journée. Le candidat républicain à la présidence, l'ancien président Donald Trump, devrait tenir un rassemblement dans les environs demain soir - Photo Scott Olson/Getty Images/AFP Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

Populaire cette grève par United Auto Workers contre les « Big Three » de Détroit dans l’industrie automobile. Au-delà de ses premiers résultats avec des accords salariaux chez Ford, elle met en lumière trois contradictions mondiales.

1- D’abord le classique, mais toujours d’actualité, sujet de partage de la valeur entre salariés et actionnaires, mais aussi clients et citoyens. Les salaires n’ont guère évolué pour ces salariés de l’automobile et, avec le renouveau de l’inflation, partout des revendications d’ajustements pour le pouvoir d’achat ont fait surface.

2- Ensuite, le combat sur la conception de l’entreprise. D’un côté, il y a l’approche européenne avec une réelle liberté syndicale indépendante et une culture du dialogue social. De l’autre, la pratique chinoise avec des syndicats-courroies de transmission du pouvoir. Et enfin une conception antisyndicale, encore majoritaire aux États-Unis, où l’existence de syndicats est considérée par les directions comme le signe d’une faiblesse d’une crise.

De fait, l’activisme de beaucoup de chefs d’entreprise a conduit à faire reculer aux États-Unis le nombre d’entreprises avec une implantation syndicale, même si récemment on assiste à une vague de nouvelles créations syndicales.

La lutte entre ces modèles reste vive. Sans organisations syndicales, pas de dialogue social et pas de recherche de consensus dans l’entreprise. De la responsabilité sociale, à l’articulation entre égalité des chances et diversité, en passant par la gestion des transformations de l’entreprise, le dialogue social construit du collectif. On l’oublie trop souvent, la focale étant mise plus souvent sur les conflits que sur les accords.

C’est enfin l’articulation du social et de l’écologie qui est posée autour de la transition énergétique. Cette transition se traduira par beaucoup d’emplois détruits, mais aussi par de nouveaux emplois autour de nouvelles compétences. Dans cette valse des emplois, l’industrie automobile sera la plus touchée.

Signe des temps, aux États-Unis, les compagnies classiques sont syndiquées alors que les entreprises automobiles de l’électrique ne le sont pas !

Pour gérer les restructurations industrielles et les reconversions individuelles – sans que cela ne se traduise par un effondrement européen et une invasion de voitures chinoises – il faut plus de modèle européen. Pas moins.

Yves Barou, Économiste et DRH

A lire : « L’entreprise au défi de l’égalité et de la diversité » ( Editions Laplace du livre)
Par Yves Barou et le Cercle des DRH