Européennes 2024, on achève bien la droite
Depuis une décennie, Les Républicains peinent à survivre. Les prochaines élections européennes pourraient leur donner le coup de grâce
Été meurtrier à l’horizon pour la droite française. Si elle récolte moins de 5 % des suffrages le 9 juin prochain, aux élections européennes, alors Les Républicains n’auraient plus aucun élu à Bruxelles. Le signal terrible pour un mouvement qui a structuré la vie politique française depuis 1958 et offert quatre présidents à la République. Après la défaite historique de 2022 (4,8 % pour Valérie Pécresse), les sympathisants de droite vont à regretter l’époque où François Fillon atteignait les 20 %.
Cette élection est cruciale. Elle va contribuer à évaluer les rapports de force politique une ultime fois avant la remise à plat de la présidentielle de 2027. Pour la droite, la question est d’abord tactique. Éric Ciotti, chef du parti, incapable de maîtriser les divisions internes, a opté pour une désignation tardive de la tête de liste, début 2024. Ses concurrents à droite ont commencé leur campagne avec des leaders désignés dès septembre. En décembre 2021, déjà, Valérie Pécresse n’avait eu que trois mois pour faire campagne.
La deuxième difficulté réside dans la personnalité de François-Xavier Bellamy qui devrait mener la campagne des Républicains et rempile pour un second mandat. Peu connu du grand public, ce philosophe apparaît comme un intellectuel pas toujours à l’aise dans les interventions publiques. A contrario, Jordan Bardella et Marion Maréchal savent eux « chauffer les militants » et emballer les salles. Une différence qui peut peser lourd.
Le troisième handicap tient aux thèmes de campagne. L’immigration ou la sécurité sont préemptées par Bardella qui entend mettre une claque à la majorité et par Maréchal qui veut récupérer les derniers électeurs LR. Dès lors que le RN devient un vote de « droite utile » et Reconquêete un vote de « droite contestataire. » Du coup que reste-t-il aux Républicains. D’autant qu’ Édouard Philippe, lorgnant ouvertement l’Élysée, verrait d’un très bon œil leur déroute qui lui donnerait de l’espace face au RN.
Enfin, Laurent Wauquiez serait impacté par une défaite aux Européennes. Le président d’Auvergne-Rhöne Alpes se prépare en silence, s’imaginant comme le Messie que son camp attend. Mais moins d’élus au parlement européen, c’est moins d’influence, de relais, de financement et donc de poids politique. Wauquiez a besoin d’une dynamique positive, pour rentrer dans l’arène, serein.
La droite républicaine peut donc disparaitre en 2024. Ratatiné par des défaites successives depuis dix ans, incapable de se trouver un leader ni d’accomplir la révolution idéologique attendue, le parti est en grand danger. En face de lui, un RN qui entend devenir le nouveau RPR et un Éric Zemmour qui sait qu’une partie de l’électorat aisé de droite se laisserait bien tenter par son parti et ses idées autrement radicales ? François-Xavier Bellamy va se lancer dans une aventure périlleuse. Il ne pourra porter seul la culpabilité d’un échec. Ce sont des années de confusion stratégique depuis Nicolas Sarkozy qui vont se payer.