Européennes : la stratégie de Raphaël Glucksmann

par Valérie Lecasble |  publié le 01/04/2024

Meetings soigneusement programmés, duel au sommet, attaque tous azimuts… le candidat socialiste veut s’imposer comme le principal adversaire du RN

France, Tournefeuille, 2024-03-24. Premier meeting de Raphael Glucksmann pour campagne des élections européennes en présence dOlivier Faure et des colistiers Parti socialiste et Place Publique - Photo Jean-Marc Barrere / Hans Lucas

Pour imposer sa dynamique, Raphaël Glucksmann quadrille la France : 80 meetings, pas un de moins, sont prévus jusqu’au 9 juin, déclinés selon trois formats : la réunion publique simple qui accueille plusieurs centaines de personnes comme à Lyon, Nancy, Saint-Brieuc, ou Clermont-Ferrand et à Rouen ; le format – dit moyen –  comme à Toulouse sur les terres socialistes, où il y eut 2 500 personnes quand il en attendait 1 000 ; et enfin, les plus grands meetings comme celui du 12 avril à Nantes, la ville de la mairesse Johanna Rolland. Sans oublier le bouquet final, en préparation, à Paris.

Vendredi 12 avril, le candidat de la liste socialiste et leader de Place Publique affrontera sur France Inter le candidat du Rassemblement National, Jordan Bardella. Prévu de longue date, ce duel matinal,  le jour où sa compagne Léa Salamé n’est pas à l’antenne, n’a rien d’anodin. Habituellement, les candidats aux élections européennes sont invités chacun à leur tour ou débattent tous ensemble, successivement sur LCI, BFMTV et CNews, avec un point d’orgue sur France 2, le 4 juin à cinq jours du scrutin.

Mais pourquoi un duel, le seul de la campagne, entre le numéro un… et le troisième ? En défiant Jordan Bardella qui caracole dans les sondages à 31 % d’intentions de vote, Raphaël Glucksmann cherche à se hisser face à l’opinion au même niveau que son détracteur et comme son principal challenger, histoire de ravir à la candidate de Renaissance Valérie Hayer, la position tant convoitée de numéro deux.

« L’ennemi, c’est Bardella, l’adversaire, c’est Valérie Hayer », commente son entourage. Jordan Bardella a lui aussi tout à y gagner : comment mieux disqualifier le camp d’Emmanuel Macron, alors que Gabriel Attal, à qui il l’a proposé, a refusé de l’affronter ?

Raphaël Glucksmann croit en son étoile, bien plus que lors de sa dernière candidature il y a cinq ans. Le candidat est à l’aise dans cette campagne, à la radio, à la télévision et dans les meetings. S’il soutient l’Ukraine, il veut aussi affronter à sa droite Emmanuel Macron, à sa gauche Jean-Luc Mélenchon. Une stratégie où il gagnerait des voix à la fois dans le camp de la majorité présidentielle et dans celui de La France Insoumise. « Il faudra une union de la gauche après ces élections, mais ce ne sera pas sur la ligne de Jean-Luc Mélenchon. Avec lui la rupture est consommée. »  

Celui qui accompagne, depuis la révolution des roses il y a vingt ans, les anciennes Républiques d’URSS, dont l’Ukraine, contre Vladimir Poutine, n’hésite pas à répéter que les élections européennes sont « le combat de sa vie », voire les « plus importantes de l’histoire » alors que la guerre est aux portes de l’Europe.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique