Eurovision, la musique n’a rien adouci

par Malik Henni |  publié le 17/05/2024

À Malmö en Suède, l’Eurovision, loin d’un concours de chansons kitsch,  a été traversée par la polémique sur Israël

Le chanteur suisse Nemo, représentant la Suisse avec la chanson "The Code", après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson le 11 mai 2024 à la Malmo Arena à Malmö, en Suède. (Photo par Tobias SCHWARZ / AFP)

L’allemand Die Welt constate que parmi les 6000 à 8000 manifestants pacifiques, opposés à la présence de la candidate israélienne Eden Golan, se trouvait la militante écologiste Greta Thunberg. Le journal va jusqu’à parler de « scènes de haine » pour désigner les sifflets qui ont fusé quand la chanteuse israélienne s’est produite.

Dans la même veine, son compatriote conservateur Die Zeit constate que la prestation israélienne a engrangé les votes du public, de quoi saluer le fait que « l’Europe du canapé est plus maligne que l’Europe de la rue ». La polémique ne retombe cependant pas, alors que l’édition de cette année a été remportée par Nemo, candidat helvétique non binaire, et qu’Israël est arrivé 5ème – juste derrière la France.

Le journal le plus lu de Scandinavie, le suédois Aftonbadet constate que « au total, 286 plaintes contre l’Eurovision ont été déposées depuis la première demi-finale. La plupart d’entre elles concernent la prestation de l’artiste Éric Saade, qui portait un foulard palestinien autour du poignet lors de la première demi-finale. » D’autres plaintes contestent le choix d’avoir « censuré» les huées du public, inaudibles à la télévision, car remplacées par des applaudissements préenregistrés.

Mais l’équipe israélienne était-elle irréprochable ? Les médias se demandent pourquoi la prestation de l’artiste portugaise Iolanda n’a pas été publiée sur certains réseaux sociaux du concours : des motifs palestiniens sur les ongles de la chanteuse seraient en cause.

Le journal espagnol de gauche ElDiaro reprend les informations de la télévision norvégienne qui dénonce le fait que des artistes « se sont sentis en insécurité, traumatisés et ont même envisagé de se retirer » en raison du climat tendu créé par la délégation israélienne.

Le journal espagnol insiste sur les dysfonctionnements : la télévision néerlandaise conteste « l’expulsion de son représentant Joost Klein » et les chaînes slovènes et serbes vont exiger des explications sur « l’atmosphère dangereuse » qui régnait dans les coulisses. La raison en serait le comportement de la délégation israélienne. Pire : « la presse israélienne a harcelé des journalistes espagnols » au point de faire réagir la direction de la chaîne publique.

Malik Henni