Évincer Olivier Faure

par Valérie Lecasble |  publié le 18/10/2024

Ses opposants appellent au départ du Premier Secrétaire lors du prochain Congrès du PS qui devrait se tenir au mois de mai, sauf dissolution. Mais par qui le remplacer ?

Le premier secrétaire du PS Olivier Faure lors du 79e congrès du Parti socialiste qui a ratifié sa réélection à Villeurbanne, le 19 septembre 2021. (Photo OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP)

Ses adversaires le réclamaient pour le mois de mars, Olivier Faure s’y est résolu avant les vacances d’été : le prochain Congrès du Parti socialiste devrait se tenir en mai prochain, sauf si à cette date une dissolution était déjà programmée, un an après celle annoncée le soir des élections européennes.

En jeu : le maintien à son poste du premier secrétaire du PS qui mobilise ses troupes à cet effet ; ou à l’inverse son éviction souhaitée par ses nombreux opposants qui lui contestent sa ligne politique, accusée d’être sous la férule de La France Insoumise et sa personnalité, jugée trop terne pour s’opposer à celle de Jean-Luc Mélenchon. Seul son départ, sont-ils désormais convaincus, renverserait le rapport de forces qui devrait permettre au Parti Socialiste de reprendre la main et de retrouver sa position dominante d’antan, pour s’imposer comme moteur des forces de la gauche. Ce qu’exprime François Hollande quand il appelle publiquement à tourner la page Olivier Faure.

Bien malin cependant celui qui peut affirmer aujourd’hui connaître les chances de renverser Olivier Faure, tant il y a d’incertitudes sur l’état d’esprit des quelques 45 000 militants qui vont être amenés à voter. Sont-ils toujours convaincus des vertus de l’union de la gauche aux côtés de LFI ou bien les fractures idéologiques provoquées en particulier par la position de Jean-Luc Mélenchon sur le Hamas, les en ont-elles dégoûtés ?

La seule certitude est que la radicalité du leader de LFI a multiplié le nombre de ses opposants qui n’a cessé de grossir au sein du Parti socialiste. Leur faiblesse est de partir en ordre dispersé au combat pour le renverser et sans aucune personnalité d’envergure pour incarner l’affrontement. Il est loin le temps où l’ex-candidate à la présidentielle Ségolène Royal avait assailli la première secrétaire Martine Aubry !

Certes, pour défier Olivier Faure aux universités d’été à Blois, les deux leaders des courants minoritaires, Nicolas Mayer-Rossignol et Hélène Geoffroy, se sont rapprochés. Mais ensuite chacun des anti-Faure s’est rendu de son côté à Bram où la présidente de la région Occitane Carole Delga les avait invités, avant d’aller à Saint-Ouen où son maire Karim Bouamrane a rempli la salle à son tour.

La nouveauté est que l’on a vu dans les terres socialistes d’opposition au premier secrétaire des personnalités pourtant membres de son courant, tels les députés Jérôme Guedj et Philippe Brun, les maires Benoît Payan, Luc Carvounas et Karim Bouamrane qui ont volontiers participé à la tournée des popotes alors même qu’Olivier Faure n’y était pas convié. D’où leur surnom de « frondeurs » qui n’est pas sans rappeler ceux qui avaient empoisonné le quinquennat de François Hollande.

Seraient-ils les plus utiles pour venir renforcer le camp des opposants officiels Nicolas Mayer-Rossignol et Hélène Geoffroy qui, même à 50/50 face à Olivier Faure avaient échoué à remporter le dernier Congrès de Marseille ? La première condition serait de réaliser cette fois-ci le rêve fou chez les socialistes de faire converger les multiples contributions initiales de participation au débat, vers une seule motion unique sur laquelle ils accepteraient de faire bloc. Subsisteraient alors dans cette hypothèse deux motions, l’une portée par Olivier Faure et l’autre par son principal opposant, idéalement l’un des « frondeurs » pour être sûr de fracturer le camp du premier secrétaire.

Une fois Olivier Faure évincé, toute cette belle construction ne serait rien, si elle ne comportait plusieurs mois plus tard un deuxième étage à la fusée, celle d’un « Épinay bis », à la manière de la réunion des gauches opérée par François Mitterrand en juin 1971. En attirant autour d’un Parti socialiste rénové aussi bien les troupes de François Hollande, que la Convention de Bernard Cazeneuve et les militants de Raphaël Glucksmann réunis dans Place Publique, le tout aurait l’envergure nécessaire pour affronter Jean-Luc Mélenchon replié sur LFI à la prochaine élection présidentielle. Quant au candidat issu de cette nouvelle coalition, il s’imposerait de lui-même sur la foi des sondages et de la dynamique qu’il aurait réussi à créer. Et que le meilleur gagne !

Valérie Lecasble

Editorialiste politique