Fabien Roussel, une mascotte bien française
Triomphalement réélu à la tête du Parti communiste français, Fabien Roussel est en train de gagner la place de figure emblématique de la gauche.
Son authenticité, son franc-parler, sa simplicité l’ont hissé parmi les personnalités préférées des sympathisants de gauche. Mieux, sa popularité progresse chez l’ensemble des Français.
L’homme connaît son pays. Il évoque la gastronomie française, « un bon vin, une bonne viande, un bon fromage », il défend la valeur travail, il fustige « une gauche des allocs ». Certes, il déclenche des réactions polémiques mais il se fait surtout remarquer comme celui qui soutient le mieux les valeurs fondamentales de la gauche historique dans tous les domaines. Jusqu’à se faire adouber par Bernard Cazeneuve qui vient de le recevoir et a tenu dans la foulée à déclarer que « la valeur travail a toujours été au cœur de la pensée de gauche ».
Belle gueule, allure des « jours heureux », sourire accroché aux lèvres, phrases bien tournées, déterminé, calme et convaincant, Fabien Roussel est-il en train de devenir le meilleur opposant à Jean-Luc Mélenchon ? Il a, de fait, bénéficié bien plus de son opposition à la réforme des retraites que le leader des Insoumis, occupé à vociférer sur les problèmes de notre pays. Il incarne en cela une nouvelle politique, plus moderne.
De nouveau plébiscité comme secrétaire national du PCF, Fabien Roussel sème donc les cailloux d’une construction progressive au sein du paysage politique français. Il provoque peu de rejet, ne clive guère et dit vouloir « construire un nouveau Front populaire pour bâtir ensemble une France forte, libre et heureuse ».
Reste qu’il existe aujourd’hui un décalage entre ses intentions et sa réalité politique : il embarque avant tout les cadres et les personnes âgées, plutôt que les classes populaires, l’électorat traditionnel du Parti communiste. Un véritable enjeu quand il souhaitera transformer sa popularité en votes.
Réussira-t-il à attirer à lui d’autres forces en les détachant de la Nupes qu’il combat de l’intérieur ? Voilà son pari. Communiste et rassembleur ? L’équation n’est pas évidente. Fabien Roussel devra pourtant la résoudre.
Valérie Lecasble
