Faure-Glucksmann : entre alliance et rupture
Le Premier secrétaire réussira-t-il à imposer le Parti Socialiste à la tête de la gauche ? Du résultat dépend le sort d’un couple sous tension
À quoi jouent Olivier Faure et Raphaël Glucksmann ? Tandis que les autres candidats aux élections européennes ont disparu de la scène politique, Raphaël Glucksmann multiplie les déclarations : « Je ne vais pas prendre le Thalys alors que le Rassemblement National est aux portes du pouvoir ». Au 20 h de France 2, il commence par proposer l’ancien leader de la CFDT Laurent Berger comme Premier ministre. Il appose ensuite la signature de son parti Place Publique sur le communiqué commun avec le Parti socialiste, qui trace un cap clair pour le rassemblement de la gauche, dont le soutien à l’Ukraine. Et réclame enfin le « rejet de la brutalisation du débat public et de la violence physique ou verbale », une flèche visant son ennemi juré, Jean-Luc Mélenchon, et son proche entourage.
Au même moment, Olivier Faure, en se ralliant à un Front populaire, semble trahir les engagements qu’il a pris avec Raphaël Glucksmann. Lui négocie en effet pour le PS avec ses collègues Manuel Bompard (LFI), Fabien Roussel (PCF), et Marine Tondelier (EELV) et signe un accord où la bande des quatre s’engage dès le premier tour des élections législatives à présenter un seul candidat dans chaque circonscription. Ils porteront ensuite « un programme de rupture détaillant les mesures à engager dans les 100 premiers jours ».
Plutôt que de chercher à marginaliser La France Insoumise, Olivier Faure donne le sentiment de jouer le deuxième épisode de la Nupes au seul profit de ses intérêts électoraux, pour sauver son siège et celui de ses amis.
Les deux hommes sont pourtant alliés depuis 2019, et Olivier Faure ne manque pas une occasion de souligner que c’est lui qui est allé chercher le candidat Glucksmann, cherchant à indiquer qu’il existerait entre eux une certaine relation de confiance. La preuve, quand Raphaël Glucksmann se rend au 20 h de France 2 et y désigne Laurent Berger comme futur Premier ministre, il en a informé au préalable l’ex-leader de la CFDT et aussi Olivier Faure. Aucun des deux ne l’en a dissuadé, comme si Laurent Berger était, in fine, le seul à pouvoir rassembler.
On peut espérer qu’ils se sont partagé les missions : à Olivier Faure, la tambouille électorale, à Raphaël Glucksmann, la garde du temple idéologique. Mais la question est de savoir si, au bout de l’histoire, ils réussiront à s’accorder, en vue de la répartition dimanche des circonscriptions entre les différentes tendances de la gauche. Avec 75 députés LFI sortants et 30 socialistes, le rapport de forces est aujourd’hui déséquilibré. Le verdict des urnes aux élections européennes et les premiers sondages pour les élections législatives placent le Parti Socialiste en tête, un rapport de force que revendique Raphaël Glucksmann.
À Olivier Faure désormais de l’imposer pour les élections législatives aux autres partis, auquel cas le tandem aura gagné. Sinon, entre les deux hommes, la rupture sera consommée.