Fort Macron
Dans certaines facs américaines, les membres des minorités, souvent victimes de tel ou tel manque de considération, exigent qu’on leur ménage un « safe space », un « endroit sûr », où ils ne risqueront pas de subir une quelconque agression, ni même une « micro-agression », où l’attitude des personnes qui les entourant est emprunte de respect, où nul ne risquera de les offenser.
Tel est aujourd’hui Emmanuel Macron, qui ne peut plus se déplacer en France sans qu’on lui garantisse, à quelques centaines de mètres à la ronde, un « safe space » du même genre, exempt de tout risque d’offense.
Ainsi pour sa visite à Notre-Dame de Paris en réfection : les services de sécurité ont tout bonnement fait évacuer dans son entier l’île de la Cité, au cœur de Paris, pour qu’aucun slogan importun ne vienne heurter les tympans élyséens, par exemple à propos de la réforme des retraites.
Il en va désormais de même pour la plupart des déplacements présidentiels : partout, la foule, les badauds, les curieux, les chalands, les passants, les pékins, les Français lambda, les citoyens moyens, autrement dit le peuple, sont soigneusement tenus à l’écart des excellences triées sur le volet qui accompagnent le président.
Tel Poutine, Xi-Jinping ou Kim-il-Jong, Emmanuel Macron ne fait plus un pas sans qu’un « safe space » ambulant n’ait été défini autour de son auguste personne, de peur qu’un quelconque atrabilaire ne vienne perturber la belle ordonnance de son cortège.
Il est vrai que le président fait lui aussi partie, désormais, d’une minorité fragile, harcelée, vulnérable à toutes sortes d’offenses : la macronie.