François Hollande : le retour

par Valérie Lecasble |  publié le 15/06/2024

Face à l’extrême-droite, l’ex-Président, candidat dans son fief de Tulle, se pose en rassembleur de la gauche et de tous les Français

L'ex- président français et membre du Parti socialiste français (PS) François Hollande annonce sa candidature pour la coalition de gauche Nouveau Front Populaire en Corrèze, avant les prochaines législatives- Photo Pascal LACHENAUD / AFP

« Je suis venu vous annoncer ma candidature pour la 1ère circonscription de Corrèze dans le cadre du Nouveau Front populaire. […] Jamais l’extrême-droite n’a été aussi proche du pouvoir depuis la Libération. Il faut que les citoyens se réengagent. J’ai lancé un appel à la responsabilité et j’appelle à un nouveau chemin d’espérance. »

Depuis sa renonciation à se représenter à l’élection présidentielle de 2017, il cherchait la meilleure manière de revenir dans le jeu politique.  En 2022, l’obstination stérile d’Anne Hidalgo à se maintenir jusqu’au bout sous les couleurs du Parti Socialiste, malgré un score finalement de 1, 7 %, l’en avait empêché. Car celui qui a été pendant plus de dix ans Premier secrétaire du Parti Socialiste sait à quel point il est difficile de mener campagne sans le soutien de son parti politique.

« Je n’étais pas au courant. Mais il adhère au projet du Nouveau Front populaire, il est le bienvenu, j’en prends acte », a dû admettre Olivier Faure, qui n’est pas son ami et avait prévu d’investir le maire de Tulle, Bernard Combes. Ce dernier, fidèle compagnon de route de François Hollande, a annoncé céder sa place à celui qui est devenu la deuxième personnalité préférée des Français. Cette fois semble donc la bonne.  

La Corrèze, c’est le socle d’une vie. En 1988, à 34 ans, jeune conseiller de Jacques Attali à l’Élysée, François Hollande avait conquis pour la gauche la première circonscription de Corrèze, celle de Tulle, face à un Jacques Chirac pourtant fortement implanté. Depuis, il y a acquis une maison lorsqu’il a quitté l’Élysée :« j’ai été maire de Tulle, député de Corrèze plusieurs fois et président du Conseil général. Ce département me donne ma force et ma légitimité ». Ici, le 9 juin dernier, l’alliance PS-Place Publique de Raphaël Glucksmann est arrivée deuxième derrière le Rassemblement National, avec un score de 15,17 % en Corrèze et 20,8 % à Tulle.

Député, oui, à quelle fin? Comment l’ancien Président de la République projette-t-il de peser sur le destin de son pays ? « Dans ces moments de gravité, de doute et de peur, il faut qu’il y ait une direction. Je veux la donner, celle d’un rassemblement de la gauche et des Français. Il faut un 1er tour de rassemblement de la gauche, et un 2ème tour de rassemblement républicain ». En clair, au deuxième tour, tout candidat républicain, de gauche et de droite, sera le bon s’il est capable de battre le Rassemblement National. Tout, sauf le RN.

S’il était élu comme c’est probable, l’ancien Président de la République retrouverait les bancs de l’Assemblée Nationale le 8 juillet. Avec à son actif, son engagement à un moment clé, pour le rassemblement de tous les Français hostiles à l’extrême-droite.

Et si le RN obtenait une majorité relative dans une Assemblée Nationale impossible à gouverner, François Hollande, au profil de vieux sage et d’éventuel Premier ministre consensuel, pourrait devenir le pivot d’un gouvernement d’union nationale.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique