François Miquet-Marty : « Un séisme politique et de société »
Le président du Groupe Les Temps Nouveaux et de l’institut Viavoice tire les premières conclusions des législatives.
Quelle première analyse portez-vous à chaud sur les résultats de ce premier tour ?
Cet acte politique signe un troisième temps fort de la vie politique française. Le premier était la période 2007-2017, avec un duopole droite-gauche. Le deuxième, 2017-2024, était celui du ni droite-ni gauche de Macron. Aujourd’hui, on a une bipartition RN/NFP, avec un centre en retrait. Ce qui est frappant, c’est que le RN, autour de 34 %, est à un niveau record et c’est la première fois qu’il est en tête à l’occasion d’une législative. Et quand on regarde la géographie des circonscriptions que donnent les projections, on voit une carte électorale avec pour la première fois des députes au RN sur l’ensemble du territoire.
Peut-on parler d’un séisme ?
Oui, ce scrutin est à la fois un séisme politique, mais aussi de société. Et la fracturation est très profonde. C’était déjà frappant dans l’ensemble des enquêtes d’opinion : ce résultat n’est pas réductible à un rejet de Macron, à un vote sanction. Les deux tiers des électeurs ont fait état de leur volonté d’un choix et d’une vision de société et d‘une adhésion à des valeurs précises.
Comment se présente la politique française aujourd’hui ?
On est face à une reconfiguration politique avec trois pôles très difficilement compatibles, des grands ensembles proposant des visions et des valeurs très différentes. L’un des défis majeurs sera de savoir comment refaire nation sans aller vers des solutions absolutistes.