Gabriel Attal à l’école : de l’autorité et après…

par Boris Enet |  publié le 28/04/2024

Les annonces sur l’école du Premier ministre paraissent se limiter à des mesures répressives. Le chaos actuel et l’enjeu méritent mieux.

Un instituteur écrit ''Stop au tri''.Des instituteurs devant le rectorat de Toulouse le 25 avril 2024, pour réclamer l'arrêt de ce qu'ils décrivent comme le démantèlement de l'enseignement public, des moyens supplémentaires, la fin des suppressions de classes et d'enseignants -Photo Alain Pitton / NurPhoto

Résumer l’éducation à une question formelle d’autorité est une impasse. Se lever en classe, renforcer les cours d’empathie au primaire, pas de problème. Cela ne coûte rien. Idem pour la sécurisation des établissements après que 350 d’entre eux aient été recensés en plus comme défaillants en plus 150 déjà signalés… sur 10 700.

Même chose pour l’atténuation de l’excuse de minorité, la possibilité d’une comparution immédiate dès 16 ans, une majorité pénale à 13 ans pour les délits les plus graves, les plus violents. La majorité numérique à 15 ans est une bonne mesure. Encore faut-il contraindre les responsables des plateformes à ne pas laisser la haine en ligne se propager. Ces annonces ne résolvent rien.

La situation se dégrade parce que la précarité sociale, culturelle et éducative des zones de non-droit est enracinée. Dégager des moyens pour les travailleurs sociaux, pour les foyers de l’enfance abandonnés des pouvoirs publics, redessiner les contours d’une police de proximité sont des nécessités. Le collège obligatoire de 8 h à 18 h dès l’été prochain est un vœu pieux sans modification réglementaire pour les enseignants, sans enveloppe budgétaire, sans articulation avec les associations sportives, artistiques.

Présence

Quels assistants d’éducation sont prêts à allonger leur présence dans les collèges ? Le temps des enseignants certifiés en cours est de 18 h, 2 heures supplémentaires maximales peuvent être imposées. Qui va se dévouer ? Même problème pour une avancée de la reprise de l’école au 20 août. Chiche ! À condition d’une refonte du temps scolaire aujourd’hui aberrant : semaines les plus lourdes d’Europe (26 heures en collège sans options) et vacances les plus longues.

Quel retour d’expérience sur les dispositifs déjà en application ? « Devoirs faits » permettant une proximité plus grande avec les enseignants du premier degré dysfonctionne faute d’emplois du temps compatibles entre le collège et les écoles. Les groupes de niveau sont contestés par les enseignants comme par les chefs d’établissement jusqu’à un recours déposé devant le Conseil d’État ! Tout cela n’est pas ajusté.

La sauvegarde de l’école ne peut se cantonner au refus non négociable de la violence sans l’économie d’une réforme sociétale d’envergure : des sas éducatifs et d’émancipation pour des enfants devenus violents, un statut renouvelé les enseignants, un nouveau périmètre pour 180 000 agents d’accompagnement des élèves à besoin particulier.

Il faut des places supplémentaires dans les instituts pédagogiques et thérapeutiques, des équipes spécialisées de suivi à l’hôpital. Amaigrir le mammouth ne peut attendre avec 500 000 non-enseignants pour 800 000 profs. Sans réforme d’envergure, le marché de l’éducation – déjà en marche – finira d’emporter les principes républicains de l’émancipation par l’éducation publique. Et la gauche avec.

Boris Enet