Gabriel Attal : le gâchis

par Valérie Lecasble |  publié le 19/04/2024

Exit la magie des débuts. Pour exister, le Premier ministre doit se réfugier dans l’autorité

Le Premier ministre français Gabriel Attal lors d'une séance à l'Assemblée nationale à Paris, le 5 février 2024 -Photo Thomas SAMSON / AFP

« S’il ne reçoit pas l’autorité institutionnelle que lui confère son poste, le Premier ministre peut être réduit à faire de l’autoritarisme pour chercher à s’imposer. »  Un proche du pouvoir analyse ainsi les relations instaurées entre Gabriel Attal et Emmanuel Macron. Le président de la République ne pourrait que jalouser toute personnalité d’autorité à ses côtés. Surtout si elle se révèle plus populaire que lui.

Certes, le jeune Premier ministre conserve un réel capital de sympathie. Deuxième personnalité politique la plus populaire après son prédécesseur Édouard Philippe, il excelle à déjouer les coups. Il brille dans l’art de la communication, calme les agriculteurs en colère, trouve les mots et le ton juste lors de son discours de politique générale.

Cent jours après sa nomination, la mécanique s’est enrayée. Il n’a pas rempli les deux objectifs que lui avait assignés le président de la République : contrer l’envolée de Jordan Bardella dans la campagne des élections européennes et attirer vers lui suffisamment de députés pour constituer une majorité à l’Assemblée nationale. Il s’est au contraire enlisé dans les tracas quotidiens de l’« enfer de Matignon », et a peiné à se positionner entre une Rachida Dati et un Bruno Le Maire qui accaparent la « une » des journaux.

Le dérapage du déficit public fait en outre planer sur lui la menace d’une motion de censure des Républicains dès octobre. Gabriel Attal aurait alors été l’un des plus jeunes, mais aussi l’un des plus éphémères Premiers ministres de la Vème République. Pour tenter de s’affirmer, il répond à ce qu’il croit que l’opinion réclame de lui, l’autorité. 

Les punitions pleuvent : sur les chômeurs dont il promet de réduire les avantages de l’assurance-chômage pour qu’ils retournent au travail ; sur les patients qui paieront une « taxe lapin » de 5 euros s’ils n’honorent pas leur rendez-vous chez le médecin ; sur les locataires de HLM dont les revenus sont devenus trop élevés et qui devront déménager ; sur les fonctionnaires qui seront déclarés « insuffisants » s’ils se montrent démotivés. À Viry-Châtillon, il annonce que, dès le mois de septembre, les parents qui ne respecteront pas leurs devoirs d’éducation seront sanctionnés. « L’autorité va à Gabriel Attal comme un tablier à une vache », siffle Marine Le Pen. Une outrance partagée par toutes les oppositions. La magie Attal a cessé d’opérer.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique