Gabriel Attal : l’homme trop pressé
Il préside le groupe des députés Ensemble et va diriger bientôt le parti fondé par Emmanuel Macron ; les sondeurs le voient déjà président de la République ou maire de Paris. Comme disait le surintendant Fouquet : quo non ascendam ?
Un ogre à visage de chérubin… Gabriel Attal préside le groupe des 94 députés Ensemble pour la République, cœur du socle commun de la majorité relative. Tâche accablante : il faut écouter chaque député, réconcilier l’aile droite et l’aile gauche, imposer ses vues à Michel Barnier. Mais voici que Gabriel Attal s’apprête à présider aussi le parti macroniste Ensemble pour la République. En même temps, il défend son bilan, fort contesté, critique le projet de budget proposé par Michel Barnier et exige un allègement des charges des entreprises, mantra de la présidence Macron. Avec succès sur ce point : le Premier ministre a réduit de 2 milliards d’euros la facture des entreprises.
Surexposé, suroccupé, surmédiatisé, Gabriel Attal brûle toutes les étapes. Un sondage le voit talonnant Marine Le Pen (49%) au second tour de l’élection présidentielle, à un point seulement du score d’Edouard Philippe dans le même exercice (50%) et treize points devant Mélenchon (36%). Un autre lui donne 42 % d’opinions favorables parmi ceux qui feraient un bon maire de Paris, devant Rachida Dati (39%) Anne Hidalgo (28%) et le dauphin putatif de la maire Rémi Féraud (11%). Ce qui a incité Emmanuel Grégoire, l’ex-adjoint d’Hidalgo, à annoncer sa candidature.
L’homme pressé ? À coup sûr. À 35 ans, Attal a inscrit à son palmarès deux postes de secrétaire d’Etat (Jeunesse, Porte-parolat), deux portefeuilles de ministre (Comptes publics, Éducation nationale) et celui de Premier ministre pendant huit mois.
Mais peut-être l’homme trop pressé… Que retient-on de son action ? La création du Service National Universel ? Le gouvernement est en train de le supprimer. L’interdiction de l’abaya à l’école ? Plus un symbole qu’un véritable changement. Les promesses faites aux agriculteurs en colère ? Un tiers seulement des mesures annoncées ont été mises en œuvre, pointe le Président de la FNSEA. Un peu court, jeune homme…
Il a de plus peiné à convaincre la commission d’enquête parlementaire du Sénat qu’il n’était pas au courant de la dégradation accélérée du déficit de l’Etat au printemps dernier, alors que chacun l’a entendu refuser à Bruno Le Maire, à l’unisson avec Emmanuel Macron, un collectif budgétaire destiné à redresser les comptes du pays. Papillon de la politique, il butine de fleur en fleur, volette d’une ambition à l’autre. Peut-être serait-il plus avisé de réfléchir aux moyens de sortir la France de l’ornière dans laquelle elle s’est enfoncée pendant qu’il gouvernait. Mais pour cela, il lui faudrait se décider à aider le Premier ministre en place, et à rassembler autour de lui. Gabriel Attal n’en a cure, les yeux rivés sur la présidentielle. Perso, le jeune ambitieux ?