Gabriel et Rachida
La nomination d’un très jeune Premier ministre devait être le levain d’une pâte nouvelle. La composition de son gouvernement fait retomber le soufflé.
Tel Fantomas intriguant dans l’ombre, Nicolas Sarkozy a-t-il mis une main subreptice à la composition du gouvernement de Gabriel Attal ? Si rien ne le prouve, tout le suggère, à commencer par la promotion transgressive de Rachida Dati au ministère de la Culture. Certains s’étonnent qu’on ait choisi, parmi tant de candidates ou de candidats possibles, une femme politique mise en examen. Rien de surprenant, à la vérité : dans la bande sarkozienne, tous ou presque le sont.
Au cours de sa longue carrière, Rachida Dati, certainement cultivée, n’a jamais émis la moindre idée sur la politique culturelle en France. Peu importe : il fallait « faire un coup » qui marque bien la conversion droitière du macronisme, quitte à changer une ancienne ministre de la Justice en nouvelle ministre inquiétée par la justice. Il fallait aussi se débarrasser, au passage, de cette Rima Abdul Malak qui avait eu le toupet de donner, sur Gérard Depardieu ou sur la loi immigration, un avis différent de celui du prince. Il ne fait pas bon, à la cour macronienne, avoir des idées personnelles. On le comprend d’autant mieux en voyant le sort pitoyable de cette « aile gauche » du macronisme qui n’est plus qu’un moignon tranché net.
On dira que ce jeune Premier ministre vient de la gauche. Mais c’est mieux souligner qu’il n’y est plus. En témoigne la composition de ce gouvernement où les postes clés sont tenus par des éminences conservatrices : Darmanin, Le Maire, Lecornu, Vautrin, Dati, etc. En témoignent aussi les premières déclarations du jeune Premier : l’ordre, la sécurité et une baisse des impôts pour les classes moyennes, toutes choses compréhensibles mais qui ressortissent d’un catéchisme bien connu à droite.
On savait que le macronisme était un opportunisme. On en a la confirmation : l’opinion évoluant de ce côté, on suit le mouvement avec une soumission admirable. Avec cette justification classique : ce n’est pas la girouette qui change, c’est le vent. Un seul problème : la nomination d’un chef de gouvernement de 34 ans voulait être un signe de renouveau. Ces combines éculées nous ramènent à des temps très anciens.