Gauche réformiste espagnole : la résilience
Grâce à un bilan positif, les socialistes de Pedro Sanchez ont fait mentir ceux qui les avaient déjà enterrés
La social-démocratie est moribonde en Europe : telle était la certitude du commentateur moyen, que le vote espagnol d’hier devait confirmer avec éclat ; telle est l’idée fausse que les électeurs espagnols viennent de réfuter.
Non seulement le PSOE de Pedro Sanchez n’a pas essuyé la cuisante défaite qu’on lui promettait, mais il a empêché la victoire de ses adversaires et garde une chance de gouverner son pays.
La droite est en tête, mais elle est déconfite ; la gauche est derrière, mais elle fait figure de gagnante.
Ce résultat prend à contrepied les croquemorts qui s’apprêtaient à enterrer la gauche réformiste. On peut en tirer deux précieuses leçons.
– Les socialistes ont mené une politique audacieuse, mais crédible : ils ont mis en œuvre des réformes sociales favorables aux classes populaires et bien géré l’économie. Certes les excès de la gauche radicale et des indépendantistes de Catalogne et du Pays basque les ont handicapés. Mais leur nette domination sur la coalition leur a permis de limiter les pertes. En se mobilisant fortement au cœur de l’été, l’électorat de gauche leur a été fidèle.
– La montée de l’extrême-droite a subi un coup d’arrêt. En présentant un programme ouvertement réactionnaire, le parti Vox a inquiété nombre d’électeurs. Il ne confirme pas la percée réalisée aux dernières élections régionales. L’alliance conclue dans trois régions avec la droite a donné à la gauche un argument efficace, qui a contribué au relatif échec du leader du Parti populaire.
Ainsi se confirment pour la gauche deux axiomes essentiels. Seule une union dominée par les réformistes peut prétendre arriver au pouvoir ; soumise à la gauche radicale, elle est battue d’avance. L’extrême-droite progresse, mais elle fait toujours peur ; en se rapprochant d’elle, la droite fait un mauvais calcul.
On aura compris que ces conclusions valent au premier chef pour la France.