Gaza : au-delà de la propagande

par Laurent Joffrin |  publié le 23/10/2023

L’extrême tension qui entoure en France le conflit israélo-palestinien fait perdre de vue quelques faits d’évidence.

Laurent Joffrin

Le débat virulent qui se développe en France à propos de la guerre entre le Hamas et Israël se perd de plus en plus dans le brouillard des propagandes croisées. Il faut rappeler quelques réalités, dont la prise en compte ramènerait un peu de rationalité dans la discussion.

Quand Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, visitant un pays ami qui vient d’être frappé par une attaque aussi meurtrière que barbare, son expression de solidarité à l’égard d’Israël est la moindre des choses.

Mais elle a aussi donné le sentiment qu’elle approuvait « inconditionnellement » les répliques militaires décidés par le gouvernement israélien. Certes, elle a ensuite corrigé ses déclarations sur France Inter en rappelant que l’action de l’armée israélienne était encadrée par le droit de la guerre, qui proscrit les attaques délibérées contre les civils. Mais elle a été maladroite. La Première ministre Elisabeth Borne, tout comme Catherine Colonna ministre des Affaires Étrangères, ont mieux exprimé la position de la France, qui est solidaire d’Israël mais soutient aussi les droits des Palestiniens et la nécessaire protection des civils de Gaza.

Certains demandent un cessez-le-feu immédiat, ce qui semble procéder d’un louable désir de paix. Les mêmes ont-ils précisé que ce cessez-le-feu devrait comprendre la libération immédiate des otages détenus par le Hamas, ainsi que l’arrêt de tout envoi de missiles contre les civils israéliens ? Non. Étrange oubli…

Aussi bien, la fin immédiate des combats signifierait qu’Israël renonce à son but de guerre, la destruction des forces armées du Hamas. N’est-ce pas offrir la victoire au terrorisme islamiste ? Est-ce raisonnable ?

Ce qui ne change rien à la réalité des bombardements israéliens sur Gaza : les pertes civiles sont énormes. L’armée israélienne affirme viser des cibles militaires, notant que le Hamas se cache parmi les civils, dont il se sert comme boucliers. C’est exact. Mais pour les familles sacrifiées de Gaza, la différence est mince : elles meurent de toutes manières sous des tirs israéliens. Et aux yeux de l’opinion, au fil d’opérations qui vont durer, le pays agressé se changera en agresseur.

Pour cette raison, et quelques autres, plus morales, l’armée israélienne doit tout faire pour limiter les pertes civiles à Gaza et laisser l’aide humanitaire parvenir à ses destinataires.     

Laurent Joffrin