Georges Moustaki, métèque de talent

par Valérie Lecasble |  publié le 04/05/2023

Dix années qu’il est parti et son public chante toujours ses paroles, à l’Olympia, comme si c’était hier

Georges Moustaki 2005- AFP PHOTO BERTRAND GUAY

Il a chanté la révolution permanente, le déracinement, le temps de vivre, la liberté, Sacco et Vanzetti.
Ce même 3 mai, Georges Moustaki aurait eu 89 ans. Pour l’occasion, sa fille Pia a réuni ce jour-là sur la scène de l’Olympia 24 artistes qui, en reprenant ses chansons, nous ont fait revivre toute une époque.


Moustaki croit alors, comme Trotski, en la révolution permanente « que l’on matraque que l’on poursuit que l’on traque ; qui nous donne envie de vivre ; qui donne envie de la suivre jusqu’au bout ». Il dénonce l’exécution symbolique et arbitraire des anarchistes italiens Sacco et Vanzetti, « vous étiez tout seuls dans la mort mais par elle vous vaincrez ».


Moustaki a écrit « Milord » pour Edith Piaf, « La Dame brune » pour Barbara. Il a aimé et inspiré les plus grands artistes de sa génération. Il voyage, chante le « Temps de vivre », explore le monde, raconte l’amour sans gêne et sans pudeur. La liberté guide ses pas.


Geogres Moustaki , artiste multiculturel, à la fois juif et grec, d’origine italienne puis naturalisé par la France, il finira ses jours, au cœur parisien de l’île Saint-Louis. Il revendique ses origines avec fierté dans sa chanson à son grand-père : « exilé de Corfou et de Constantinople, je suis de ton pays Métèque comme toi ; maître en oisiveté, expert en braconnage ; quand il faudra mourir, on se retrouvera ».


Dépassé Moustaki, désuet, has been poussiéreux ? Allons donc ! Dans notre France fracturée et déchirée d’aujourd’hui, Georges Moustaki restera comme un poète qui croyait en la vie et avait foi en l’avenir. Et nous aimerions tous comme lui, y croire encore.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique