Gérard Collomb : la mort du Roi Lyon
L’éphémère ministre de l’Intérieur qui a régné sur la ville de Lyon pendant deux décennies s’est éteint à l’âge de 76 ans. Retour sur le parcours de l’un des tout premiers soutiens d’Emmanuel Macron
« Le Président de la République et son épouse saluent avec chagrin la mémoire d’un ami cher ». L’Élysée a salué le parcours de Gérard Collomb à l’annonce de sa disparition ce samedi 25 novembre, à l’âge de 76 ans, mort à l’issue d’un combat d’un an contre un cancer de l’estomac.
Celui qui régna pendant près de vingt années sur la ville de Lyon et fut, à l’image d’Édouard Herriot, l’un de ses maires préférés. Emmanuel Macron sait ce qu’il doit à Gérard Collomb. Entre ces deux-là, la relation était quasi-filiale. Quand, à la surprise générale, le jeune ministre de l’Économie de François Hollande décide d’être candidat à l’élection présidentielle, Gérard Collomb est l’un de ses premiers et fervents soutiens. Il montre une confiance inconditionnelle en son poulain et jette toutes ses forces dans la bataille. Sans oublier ses réseaux, puissants chez celui qui n’a jamais caché être franc-maçon.
Alors qu’il lui avait fallu vingt ans, pour devenir maire de son 9e arrondissement de Lyon, Gérard Collomb est, cette fois, persuadé de tenir enfin sa revanche.
Fils d’un père métallurgiste et d’une mère femme de ménage, devenu professeur agrégé de lettres classiques, il gravit un à un les échelons pour être élu grâce au Parti socialiste auquel il a adhéré, député de 1981 à 1988, puis sénateur de 1999 à 2017. Pendant la campagne présidentielle de 2012, il affiche un soutien sans faille à François Hollande, mais regrette de ne pas être récompensé pour autant puisqu’une fois élu, le Président de la République préfère choisir ses ministres dans le vivier des députés de l’Assemblée nationale plutôt que dans celui du Sénat.
Charge de courte durée
Emmanuel Macron sera donc celui qui permet à Gérard Collomb de réaliser enfin son rêve : devenir ministre de l’Intérieur. Une charge de courte durée, quinze mois seulement, puisque s’estimant peu soutenu pendant l’affaire Benalla et redoutant de perdre le contrôle de son fief lyonnais, Gérard Collomb démissionne rapidement en pleine préparation de sa loi sur l’immigration.
Inquiet de la situation dans les banlieues, il lâche en partant cette phrase, inscrite dans les annales : « Aujourd’hui, on vit côte à côte, demain je crains qu’on ne doive vivre face à face ».
Connu pour ses colères mémorables, l’ex-Maire de Lyon revenu dans sa ville ne favorisera guère une possible succession et cède en 2020 la place à l’écologiste Grégory Doucet. Il restera pour les Lyonnais celui qui a transformé leur ville bourgeoise et endormie en une métropole dynamique et modernisée.