Glucksmann- Bellamy, un vrai match gauche-droite
Les plus efficaces parmi les huit candidats, le Social-Démocrate et le Républicain ont imposé leurs arguments
Pour ceux qui s’en étaient éloignés, voilà de quoi réconcilier les Français avec la vie politique tant le débat du 21 mai sur LCI entre les différentes têtes de liste européennes a été de bonne tenue.
Certes, Manon Aubry a été trop présente, intervenant à tout bout de champ et taxant les autres intervenants d’hypocrisie, mais avec des arguments qui furent parfois convaincants. Certes, Marion Maréchal a affiché une dureté de ton sans pareil, mais en creusant son sillon sur l’ordre républicain, en Nouvelle-Calédonie où elle préconise… l’intervention de l’armée française sans lâcher le morceau contre Rachida Dati qui « connaît bien le sujet de l’ingérence de l’Azerbaïdjan » ou contre Marie Toussaint qui sur les énergies renouvelables dit « n’importe quoi »
François-Xavier Bellamy et Raphaël Glucksmann ont, eux, partagé le silence de l’écoute qui contrastait avec l’agitation des « femmes » (Valérie Hayer, Manon Aubry, Marion Maréchal) qui n’ont pas résisté à l’envie d’imposer leur point de vue quitte à une belle cacophonie.
François-Xavier Bellamy a interpellé Manon Aubry, « vous êtes disqualifiée, car vous avez refusé de dire que le Hamas est terroriste. Vous couvrez l’antisémitisme, y compris à Sciences Po ». Quant à Raphaël Glucksmann , il s’insurge contre l’extension de la colonisation en Cisjordanie qui dit-il « mine toute possibilité de constitution d’un État palestinien ». Par ailleurs, il appelle l’Europe à protéger ses frontières grâce à un « Buy European Act » pour sauver les entreprises françaises victimes du dumping chinois et reproche à Emmanuel d’avoir rompu en Nouvelle-Calédonie avec l’esprit du consensus local que portaient Michel Rocard et Lionel Jospin, avant de s’insurger à propos des morts en Méditerranée « nos frontières ne doivent pas être des cimetières ».
Quant à Jordan Bardella, offensif, sûr de lui, la mâchoire crispée, il lance d’emblée à Valérie Hayer : « Marine Le Pen, elle, n’a pas reçu Vladimir Poutine sur son lieu de vacances ». Et répète son leitmotiv : « il faut sortir de la naïveté », vis-à-vis de la Russie, du dumping chinois et de l’Allemagne, et se replier sur « la priorité nationale et la préférence européenne ».
Chacun a choisi son rôle : Bardella, avec l’immigration, Glucksmann avec la Géorgie, Bellamy avec les écoles et Manon Aubry avec le social.
Les deux perdantes sont clairement Marie Toussaint, incapable de dégager une ligne claire sur l’écologie, mais peut-être aussi Valérie Hayer tant elle peine, à coup de longs monologues et de digressions, à défendre la politique d’Emmanuel Macron sur la plupart des sujets. On en perd le fil de la démonstration sous l’œil rieur de son voisin de plateau, Raphaël Glucksmann.
Au final, en un plus de deux heures, chacun a pu défendre avec force son point de vue. Un débat utile donc, à quelques jours du choix.