Glucksmann en campagne : pour l’Europe, mais pas que

par Boris Enet |  publié le 20/05/2024

 800 personnes à Montpellier pour applaudir le candidat socialiste et le maire de la ville en meeting.  Un duo efficace

D.R

Le couple d’orateurs attendus rassemblait Michaël Delafosse, le maire de Montpellier, et Raphaël Glucksmann, la tête de liste socialiste à l’élection européenne. Le duo a parfaitement fonctionné. Deux internationalistes et deux antifascistes, qui s’en sont donné, d’entrée, à cœur joie pour la défense de l’Ukraine. Non sans évoquer la guerre civile espagnole et les descendants des réfugiés républicains, encore aujourd’hui, la seconde communauté d’origine étrangère de l’Hérault.

À Perpignan, le matin même, ville dirigée par le Rassemblement national, le candidat socialiste n’avait pas manqué de s’en prendre à la politique de la majorité. Réclamant lui aussi une « Europe-puissance », certes voulue par Emmanuel Macron, mais limitée par la volonté présidentielle. Une action, réduite à une politique de petits pas ou à l’inexplicable présence, un peu honteuse, de l’ambassadeur de France à l’investiture du nouveau mandat de Poutine. Raphaël Glucksmann faisait écho au maire de Montpellier dénonçant les populistes des deux extrêmes qui brutalisent la démocratie, refuse le débat serein et font le jeu de l’impérialisme russe contre l’Europe.

Dans la foulée, la tête de liste évoquait les évènements actuels en Géorgie, rappelant ceux de la place Maïdan à Kiev en 2014, plaidant pour l’accueil des Géorgiens au sein de la famille européenne. « Qu’est-ce que la gauche si ce n’est aussi se dresser contre les dictatures ? » rappelait-il. Une adresse à LFI, si prompte à relativiser les comportements totalitaires russes ou chinois, tout en prétendant que la France serait sur la voie de telles atteintes aux libertés.

 Raphaël Glucksmann ne s’est pas limité aux problèmes géopolitiques, il a insisté sur la complémentarité des questions sociales et écologiques. Il a rappelé la nécessité de faire l’une avec l’autre sans ajournement, fustigeant les reculades du gouvernement Attal devant le lobby productiviste agricole. Enfin, revigorant l’héritage féministe de la gauche en promettant un combat pour le droit à l’IVG dans la charte des Droits européens, Raphaël Glucksmann a évoqué les batailles de Gisèle Halimi ou de Robert  Badinter quand Mickaël Delafosse puisait chez Jacques Delors et François Mitterrand pour mieux mettre en valeur les convictions européennes de la gauche et ses aspirations universelles.

Le public montpelliérain était conquis. Dans une ville vécue comme un laboratoire des politiques urbaines de gauche avec la gratuité des transports, la revendication d’un habitat mixte et des places redimensionnées pour faire face au défi climatique, ce discours à deux voix, sans pathos, mais non sans émotion ne pouvait que marcher. Il s’adressait à l’intelligence des électeurs plutôt qu’à leurs ressentiments. Un pari pas si osé que çà si l’on en juge par les sondages.

Boris Enet