Glucksmann : jamais avec Mélenchon

par Valérie Lecasble |  publié le 16/03/2025

Rallier les « démocrates de combat » qui sauveront l’Europe de tous les impérialismes, à l’extérieur et à l’intérieur, telle est la ligne politique du leader de Place Publique. Avec une exigence imposée aux socialistes : aucune compromission avec La France Insoumise.

L'eurodéputé et co-président du parti politique "Place Publique" Raphaël Glucksmann arrive pour prononcer un discours lors du congrès de la Place Publique, à Paris, le 16 mars 2025. (Photo Séphane de SAKUTIN / AFP)

D’une manière ou d’une autre, il sera un acteur de la prochaine élection présidentielle. Devant plusieurs milliers d’adhérents venus assister au Congrès de Place Publique à Paris, Raphaël Glucksmann a affirmé son ambition avec flamme et tracé la route de son mouvement. Face à Poutine et Trump, et devant la faible résistance que le nouveau président rencontre aux Etats-Unis, le leader de Place Publique veut bâtir une démocratie de combat qui « ne laissera jamais passer le fan club de Trump et de Musk » qu’il voit se développer en France. « Nous serons là pour leur barrer la route, lance-t-il, aux municipales de 2026 et à la présidentielle de 2027. Nous serons prêts à y laisser notre peau car chaque élection dans chaque démocratie européenne est un combat existentiel ».

Glucksmann a musclé son discours. A ceux qui lui reprochent de ne pas assez parler aux Français, il fait le lien entre l’international et le national ; les deux dimensions, explique-t-il, forment désormais un seul sujet politique, puisque Poutine et Trump ont des « relais puissants et serviles sur le continent européen, les partis d’extrême-droite qui se disent patriotes alors qu’ils se mettent au service de puissances étrangères et cherchent à détruire nos démocraties de l’intérieur ». « Nous sommes les véritables patriotes », martèle Glucksmann, qui se place à l’avant-garde d’un « immense sursaut » : la construction d’une véritable démocratie européenne. Et d’abord un symbole, lancé comme une provocation démocratique : récupérer la Statue de la Liberté naguère offerte par la France aux États-Unis, assorti d’un appel concret : faire venir en France les scientifiques chassés par Musk,

Son programme ? « Mettre fin au système de la Vème République, trop vertical », en jouant le parlementarisme, la proportionnelle, le pouvoir aux citoyens, auxquels s’ajoute la lutte contre l’injustice sociale. Convaincu qu’en temps de crise naissent les grandes solidarités, il refuse d’opposer réarmement et modèle social. Pour ce faire, il préconise un grand emprunt européen de 500 milliards d’euros où la France, qui ne doit pas accroître sa dette, fera valoir ses investissements passés dans la dissuasion nucléaire pour obtenir l’effort nécessaire des pays moins endettés comme l’Allemagne. Enfin, pour redonner leur fierté aux Français et convaincre les classes populaires égarées au RN, il met le travail au cœur de son « nouveau contrat démocratique et social », un travail qui retrouve du sens et permet de vivre dignement. A ce prix, promet-il, la France redeviendra un exemple en Europe.

Le rôle immédiat de Place Publique ? « Nous serons l’aiguillon dont la gauche a besoin pour reprendre le pouvoir et nous ne passerons aucun accord national avec Jean-Luc Mélenchon car nous n’aurons pas de programme commun avec des gens qui n’ont rien de commun avec nous », assène-t-il sous le tonnerre d’applaudissements. Ni compromission, ni renoncement, donc, mais une main tendue à ses partenaires socialistes pour bâtir avec eux une plate-forme programmatique à l’issue de leur congrès, afin de déboucher sur une stratégie commune pour gagner ensemble les élections municipales, législatives et présidentielle. « Nous ne transigerons pas sur nos principes. C’est ainsi que nous deviendrons crédibles pour gagner », conclut-il devant une salle enthousiaste. Quelle que soit l’issue du congrès du PS – et quel qu’en soit le vainqueur – voilà les socialistes prévenus : il leur faudra rompre clairement avec LFI et Jean-Luc Mélenchon, sous peine de renoncer à toute alliance avec Raphaël Glucksmann.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique