God bless America.

par Bernard Attali |  publié le 10/05/2024

En quelques étapes aux États-Unis, chronique d’une schizophrénie

Washington. Deux partis politiques qui se haïssent à mort souvent sans toujours savoir pourquoi. Detroit, déjà dévastée par la crise de l’industrie automobile, qui réalise l’irruption d’un nouveau cauchemar chinois. San Francisco, hier métropole de la modernité, maintenant envahie de fantômes drogues au fentanyl ,  errant sur les trottoirs comme dans un  film d’horreur. Seattle up and down :  succès d’Amazon et naufrage de Boeing. New York, en direct sur CNN un ancien président peroxydé, inculpé plus souvent que le célèbre Al Capone.

Et le siège d’une ONU fantomatique qui persiste dans son insignifiance. Kansas City la mort aux trousses. Encore cette semaine,  une fusillade mortelle rendue possible par l’absence de toute législation sur les armes. Liberté, j’écris ton nom !


Miami, capitale de l’art moderne et Ehpad pour ultra-riches. San Diego et ses navires de combat, base arrière d’une armée hyper puissante qui n’a pas gagné une vraie guerre depuis des décennies. Philadelphie, haut lieu intellectuel ou des universités prestigieuses sont juste contaminées par l’antisémitisme. Qui rappellera aux étudiants qui crient au génocide qu’ils sont eux-mêmes descendants de colons ? Et qu’ils ont naguère inventé l’apartheid. Who cares ?

Houston, une ville de pétroliers qui revendiquerait presque sa contribution au réchauffement de la planète. Un jour viendra où le Texas demandera son indépendance.  Il suffit de quelques jours pour sentir ici et là un parfum de chaos, peut-être même de  guerre civile. Les lendemains de la prochaine élection seront violents ,  quel que soit le vainqueur.

Pourtant la croissance américaine est forte, le chômage au plus bas, les Tycoons du  numérique au plus haut, et le dollar solidement installé comme monnaie de réserve internationale.  Dans un pays qui pense toujours que l’avenir sera une meilleure version du présent, n’importe quel déshérité croit à la possibilité de devenir un jour  millionnaire. Rêve et cauchemar cohabitent. Libéralisme proclamé et protectionnisme assumé. America first ! 80 % des Américains n’ont pas de passeport. Mais ils connaissent le monde : Vietnam, Irak, Afghanistan…

Nous sommes prévenus, n’est-ce pas ? Dans les westerns, il est rare, très rare que les Indiens aient le dessus. God bless America.

Bernard Attali

Editorialiste