Gouvernement : les fantômes et les zombies

par Laurent Joffrin |  publié le 20/07/2023

Emmanuel Macron souhaitait que ce remaniement soit un non-événement. Il peut se rassurer : la réussite est totale

Laurent Joffrin

Avec méthode et application, tout a été fait pour désamorcer l’affaire, au cœur du mois de juillet, entre Tour de France et canicule, avec un succès remarquable : le maintien d’Élisabeth Borne a filtré à l’avance, mettant fin au suspense avant qu’il ne commence ; l’arrivée de nouveaux ministres a été égrainée par divers canaux indirects tout au long de l’après-midi de jeudi, dans une solide indifférence.

Les impétrants ont été choisis à la condition expresse de ne pas faire de vagues ; aucun de ces macrono-macroniens ne dispose de la moindre assise politique personnelle, ce qui tombe bien puisque leur cheffe à Matignon n’en détient pas plus ; les nouveaux venus sont encore moins connus que les anonymes qui occupent la majorité des postes ministériels.

Il y avait les fantômes, voilà les zombies.

Le tout nimbé dans l’opiniâtre silence du président, qui a remplacé, comme dans la marine, le traditionnel entretien du 14 juillet par deux coups de sifflet brefs. Une stratégie de communication inédite, qui consiste à ne pas communiquer, sauf par un laconique communiqué de l’Élysée…

Emmanuel Macron parlera dans quelques jours, une fois la moitié de la France en vacances, ce qui amortira les réactions. Si bien que la question se pose : a-t-il quelque chose à dire ? Au fond, tout se passe comme si la macronie se satisfaisait de constater qu’en dépit de deux crises majeures, elle garde un socle politique qui rassemble un quart des électeurs. Comme chacune des branches de l’opposition, dominées par leurs extrêmes, n’en a pas beaucoup plus, le paysage politique est gelé.

Pourquoi se fatiguer puisqu’aucune solution de remplacement ne s’offre aux Français ? Nous sommes là faute de mieux : tout va donc bien.

Avec cette précision d’importance : autant qu’aux gouvernants, la responsabilité de cette étrange situation revient aux opposants.

Laurent Joffrin