Grand soleil sur les salles obscures

par Jérôme Clément |  publié le 01/09/2023

Surprise : contrairement aux prévisions pessimistes, on note une forte augmentation de spectateurs en juillet 2023 par rapport à 2022

Septième art -On The Road- Photo Gregory Smith - Archives du 7eme Art

Beaucoup avaient prédit l’effondrement du cinéma après la pandémie, les spectateurs ayant pris l’habitude de rester chez eux pour regarder des séries. L’été n’est pas encore fini, mais on peut déjà dire que la saison cinématographique est un succès.

Déjà, à Cannes, j’avais observé et écrit que le cinéma était de retour: la qualité des sélections, la venue des Américains, la présence des plateformes témoignait d’un vif intérêt pour les salles et le cinéma sur grand écran. L’été et la rentrée confortent cette analyse, au-delà même de ce que l’on pouvait espérer.

Les raisons? Principalement quelques films à succès, dans des registres bien différents : Barbie, ce phénomène mondial qui, habilement, attire toutes sortes de spectateurs d’opinion et d’âges différents, a réuni à ce jour 5 millions de personnes et ce n’est pas fini.

Le monde a consacré sa Une à cet événement planétaire qui suscite également polémiques, interdictions et engouement. Oppenheimer, autre film américain, d’un genre bien différent est, pour l’instant, à 4 millions de spectateurs. Deux grands films américains, à gros budget, sur des sujets qui peuvent intéresser tout le monde : poupée pour jeunes filles et bombe atomique font en l’occurrence bon ménage…

Mais la bonne surprise est venue aussi de deux films français,

« Les algues vertes », films franco-belges, de pierre Jolivet qui a réuni déjà 400 000 spectateurs et surtout de « Yannick » réalisé par Quentin Dupieux, un petit bijou d’une heure cinq, tourné en six jours et que je vous recommande vivement d’aller voir si ce n’est déjà fait: 300 000 spectateurs y sont déjà allés.

Pour poursuivre sur ces bonnes nouvelles, « Anatomie d’une chute », palme d’or à Cannes, de Justine Triet a fait un excellent démarrage cette semaine, et les précédents nommés continuent leur brillante carrière.

Le festival d’Angoulême, vitrine de fin d’été de la prochaine rentrée était d’un excellent niveau, le prix décerné à Katell Qillévéré pour « le temps d’aimer » et à Vincent , son acteur, sont amplement mérité; et l’on se réjouit de voir prochainement ´le procès Goldman’ de Cédric Kahn,´ le règne animal’ de Thomas Cailley avec Romain , tous deux présentés avec succès à Angers pour les festivals de fin août et bien d’autres, français ou étrangers de grande qualité. Notons en particulier le prochain film de Bellochio,  » l’enlèvement », présenté à Cannes, et qui poursuit son approfondissement de l’histoire politique de l’Italie. Parmi les films très attendus ce trimestre, le « Napoleon »  de Riddley Scott, de même que le deuxième épisode des ´trois Mousquetaires «,le premier ayant été un franc succès. Et pourtant, la grève d’Hollywood sans précédent pour sa durée et son ampleur retarde la sortie des films américains et contribue à augmenter la part de marché des films français et européens qui relèvent le défi avec brio.

En cette rentrée morose, il n’y a pas tant de bonnes nouvelles, savourons celle-ci, qui montre une fois de plus la vitalité d’un secteur essentiel de notre culture et de notre modèle cinématographique qui surmonte à chaque fois les crises qui prévoient sa fin prochaine.

Le cinéma n’est pas mort. Vive le cinéma !

Jérôme Clément

Editorialiste culture