Woke party à l’École Normale…
Une « Woke party », organisée par l’élite des étudiants d’une grande école française, a réussi à cocher toutes les cases de la caricature et de l’hystérie, façon d’offrir un boulevard à la droite réactionnaire
Le « Guide du routard » de l’École normale supérieure de Paris-Saclay, voué à l’information par le Bureau des étudiants des nouveaux entrants, l’annonçait en jargon dûment inclusif : la « Woke party » 2023, organisée au sein de l’école fondée en 1794, serait la soirée de l’année. L’École normale supérieure Paris-Saclay, également appelée « ENS Paris-Saclay », « ENS-PS » ou « Normale Sup’ Saclay », grande école française, est l’une des quatre écoles normales supérieures, où furent formés Pasteur, Blum, Sartre ou Bourdieu.
L’affiche conçue par les étudiants, fonctionnaires stagiaires bénéficiaires de 1 300 euros par mois, annonçait un ineffable moment d’abandon festif. Un sous-titre « Kokarde woke party » précisait : l’événement organisé par les associations LGBT, féministe, écologiste et solidaire de l’ENS, n’allait pas se borner à « carnavaliser » en faveur des différences outragées : il allait, dans un même mouvement frondeur, souffleter la beauferie française, gifler SuperDupont ! On allait, à l’instar des facs, souquer ferme, le vent de l’émancipation positive d’inspiration outre-Atlantique dans le dos !
Résultat ? Des chants et des affiches « Macron décapitation », « Tout le monde déteste la police », « Si tu es contre l’abaya, tu es raciste », caricaturant la caricature de la cause défendue constituaient le décor de cette « party ». Elle a vu tourner vinaigre une fête d’intégration, se réaffirmer la dérive agressive de l’offre d’enseignement supérieur français et s’attester, sans qu’ils aient à lever le petit doigt, la vulgate droitière de faiseurs d’opinion…
Certes, dans un contexte républicain qui a souvent excipé de l’universalisme pour étouffer la question des maltraitances objectives liées à l’appartenance, il est entendu que cette question doit être examinée avec soin. Mais l’élite de l’enseignement supérieur français devait-elle fournir des arguments à la droite pour qu’elle nourrisse son lamento mélancolique ?
On connaît les termes nauséeux des réactionnaires : non, le wokisme ne viserait pas à la juste reconnaissance de discriminations séculaires, mais à l’anéantissement, non tant du règne du mâle blanc, que du mâle blanc soi-même ; sous cette volonté d’anéantissement volontiers révisionniste, c’est la France de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne… etc.
À ces antiennes, ineptes, dont le site d’actualités d’extrême-droite Boulevard Voltaire ou le groupe Bolloré ont fait leur intarissable miel, qu’a répondu en substance la sagace « Kokarde woke party » ? Ceci : Praud, Jamet, Goldnadel, Bock-Côté, Lejeune, d’Ornellas et consorts donnent dans le mille, le wokisme, surtout quand il permet à la jeunesse bourgeoise blanche de se racheter d’être ce qu’elle est en versant dans un ultracisme coercitif, n’est pas un mouvement émancipateur, il est un mouvement prônant la violence identitaire, parfois jusqu’au négationnisme (voyez l’affaire Claudine Gay), cette violence même qu’il prétend combattre ! Fasciste antifa, il pratique le talion essentialiste en sapant la singularité civilisationnelle française !
Bilan : Oui, l’élite de nos idiots utiles de la « woke party » de l’ENS a incontestablement apporté de l’eau au moulin de la droite néo-maurrassienne de France.
La grosse teuf, en somme…