Guerre à Gaza : pendant ce temps, en Cisjordanie, on tue
Alors que les regards sont tournés vers la bande de Gaza, la situation se dégrade tous les jours un peu plus en Cisjordanie dont le devenir est la priorité des colons et des représentants des mouvements religieux sionistes
Les forces de sécurité israéliennes mènent des raids pratiquement tous les jours depuis le 7 octobre et, selon un bilan de l’AFP, au moins 350 Palestiniens ont été tués au cours de ces opérations. Elles sont menées dans les différentes villes de Cisjordanie, Tulkarem, Naplouse, Hébron, Jéricho et plus particulièrement dans les camps de réfugiés. Ce sont soit des frappes de drone soit des tirs d’armes automatiques avec un survol de drones. Les colons ont également obtenu des armes et redoublent de violences contre les Palestiniens, les harcelant allant même jusqu’à en tuer en toute impunité et gagnent du terrain sur les localités palestiniennes en créant des avant-postes illégaux avec l’approbation du gouvernement.
Les exactions qu’ils commettent sont telles que le département d’État américain a annoncé dans un communiqué le 5 décembre dernier que les États-Unis adoptaient une « nouvelle politique de restriction en matière de visa visant des individus soupçonnés d’avoir agi contre la paix, la sécurité ou la stabilité en Cisjordanie, notamment en commettant des actes de violence ou en agissant pour réduire de façon indue l’accès des civils à des services essentiels ou des besoins essentiels ».
Rappelons qu’après les attaques du Hamas, le ministre israélien de la Sécurité nationale a annoncé la distribution gratuite de 10 000 armes à feu, à destination des colons volontaires, ainsi que l’assouplissement des règles sur les permis de port d’armes.
S’ajoutent à ces opérations militaires des mesures de rétorsion économiques : retrait des permis de travail pour les ouvriers palestiniens de Cisjordanie et blocage des revenus des taxes collectées par Israël, mais qui doivent être reversées à l’Autorité palestinienne. Tous ces éléments font monter la tension d’autant que des attentats sont organisés par des Palestiniens qui entrent illégalement en Israël. La crainte d’une nouvelle intifada est présente et même souhaitée par certains extrémistes israéliens qui voient là l’occasion d’accroître la répression contre les Palestiniens de Cisjordanie.
Leur objectif est de les faire partir afin de prendre totalement possession de cette terre car ils considèrent que les Palestiniens ont déjà un État qui se nomme Jordanie. Le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, prêt à tout pour éviter les poursuites judiciaires, laisse faire les extrémistes pour sauver sa coalition gouvernementale ce qui fait dire à un de ses ministres dans les colonnes du quotidien centriste Yedioth Ahronoth et qui le déplore que « du fait de ses calculs politiques, Netanyahou ne puisse prendre de décisions sur l’avenir du pays ».
Agnès Levallois, vice-présidente de l’iReMMO