Guerre en Ukraine: un conflit gelé

publié le 17/02/2024

Un seul point commun dans la presse étrangère sur la guerre en Ukraine : aucune issue en vue à court terme. Par Malik Henni

Studio TV 3, où la chaîne de télévision russe Dozhd est actuellement basée, à Riga, en Lettonie.

La situation sur le terrain semble gelée. L’édition de CNN en espagnol n’est guère optimiste : « Le fait est que, malgré tous les crimes de guerre rapportés dans la presse, les soldats russes morts et les spéculations sur l’état de santé de Vladimir Poutine, l’Ukraine n’a pas réussi à vaincre les envahisseurs. […] À ce moment crucial de la guerre, Poutine a l’avantage. Le fait est que les sanctions n’ont pas étouffé le président russe et il est très peu probable qu’elles l’étouffent. » 

Zélensky peut-il poursuivre la guerre sans soutien étranger ? Pour le Global Times chinois, rien n’est moins sûr. Un article de la voix de Pékin tire à boulets rouges sur le Secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg. L’ancien Premier ministre norvégien est accusé de bloquer tout projet de négociations entre Moscou et Kiev. En cause ? Les élections américaines qui obligent Biden à éviter toute défaite ukrainienne : « Stoltenberg joue le rôle de représentant de la branche OTAN du Pentagone sous l’administration Biden. L’administration Biden ne veut absolument pas d’une Ukraine défaillante en cette année électorale, sinon le conflit deviendrait un obstacle majeur à la réélection. »

La solution semble toute trouvée, pour ce journal, qui voit en la guerre une Ukraine un conflit qui sert avant tout les intérêts américains : « Les pays européens doivent assumer leur propre défense, faire la paix avec la Russie et parvenir à un développement pacifique et commun. »

En Afrique du Sud, où la réussite de la saisie de la CIJ sur le dossier palestinien a rendu fier l’ensemble de la nation, on se propose comme médiateur. Le très écouté Daily Maverick met en exergue la participation de Pretoria à quatre cycles de négociation, sans que le détail des discussions ne soit connu. Le journal rappelle l’existence d’une feuille de route ukrainienne pour la paix en 10 points, préalable à toute discussion avec l’occupant. Mais pour Kiev, ces discussions de paix à Davos doivent avoir lieu… sans la Russie. « L’Ukraine a expliqué qu’il ne serait pas utile d’inclure la Russie, car Moscou revendiquerait simplement au minimum les 20 % du territoire ukrainien qu’elle a conquis par la force militaire. L’Ukraine insiste sur le fait qu’elle ne cédera pas un pouce de son territoire. »

Et tandis que de la guerre dure, les équilibres de pouvoir dans l’environnement immédiat de la Russie changent. En Arménie, l’ensemble des journaux regarde avec inquiétude le rapprochement entre Kiev et Bakou. Le président azerbaïdjanais a une nouvelle fois affirmé son soutien « inébranlable à l’intégrité territoriale » de l’Ukraine lors d’une rencontre bilatérale au Sommet de la Sécurité de Munich. Ce geste représentant un nouveau signe d’indépendance vis-à-vis de Moscou de la part de l’ex-république soviétique.

Au Japon, pays qui n’a toujours pas d’accord de paix avec la Russie depuis 1945, la NHK (service public) suit avec attention le changement dans la politique de neutralité de la Suède, qui a demandé à intégrer l’OTAN. Interviewé, le ministre de la Défense Jonsson assure : « Il est également important d’accueillir l’Ukraine en tant que membre de l’UE et de l’OTAN et de la soutenir autant que possible. »