Guerre Israël-Gaza : l’impasse du jour d’après
Surprise. Gesticulation ou divergences au sommet? le gouvernement se tait mais c’est Yoav Gallant, ministre de la Défense israélien, qui propose un plan pour l’après-guerre. Sans prendre en compte l’avis des Palestiniens…
Le plan proposé par le ministre de la Défense Yoav Gallant est-il simplement un moyen de calmer les Américains qui s’impatientent face à la poursuite des bombardements sur la bande de Gaza, du drame humanitaire qui ne cesse de s’amplifier et de l’absence de perspective pour le jour d’après ? Ce plan a en effet été annoncé à la veille de l’arrivée d’Anthony Blinken dans la région.
Mais que propose ce plan qui, fait étonnant, émane du ministre de la Défense et non du Premier ministre, Benjamin Netanyahou. Ce dernier, otage de l’extrême-droite, n’a de cesse que de la ménager et n’a pas dénoncé le programme de Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale visant à recoloniser la bande de Gaza et à encourager la population palestinienne à émigrer.
Yoav Gallant, quant à lui, prend ses distances vis-à-vis de l’extrême droite en déclarant qu’il « n’y aura pas de présence civile israélienne dans la bande de Gaza après l’atteinte des objectifs de la guerre ». Il préconise qu’une force multinationale menée par Washington avec l’aide d’États européens et arabes prenne en charge la gestion du territoire. Cette solution est éventuellement envisageable pour une période intérimaire tant le traumatisme des massacres du 7 octobre est fort dans la société israélienne qui refuse toute négociation avec les Palestiniens. Mais aucune proposition, pour être viable à terme, ne doit faire l’impasse sur la représentation palestinienne.
Or la droite israélienne l’a toujours refusé, il suffit de reprendre l’ensemble des déclarations de Netanyahou et, en particulier, celles publiées en juin 1996 dans lesquelles il déclare qu’il « s’opposera à l’établissement d’un État palestinien et au » droit au retour « de populations arabes sur n’importe quelle partie d’Eretz [grand] Israël à l’ouest du Jourdain » et que le gouvernement s’assigne, parmi ses priorités « le renforcement, l’élargissement et le développement des implantations en Israël ».
Ces déclarations allaient à l’encontre des accords d’Oslo signés par Yitzhak Rabin trois ans plus tôt, ce qui lui a valu d’être assassiné par un juif religieux extrémiste opposé au processus de paix.
Dès lors, comment sortir de l’impasse ? La stratégie depuis des dizaines d’années consistant à refuser un toit politique aux Palestiniens n’engendre que de la violence et la sécurité à laquelle ont droit les Israéliens ne pourra être obtenue que si elle est également accordée aux Palestiniens. C’est dans cette direction que toutes les bonnes volontés doivent converger sinon le cycle de violence ne fera que se perpétuer. Croire qu’il est possible de faire disparaître une idéologie sous les bombes est un leurre.
Encore une fois aucune solution militaire ne réglera la question palestinienne qui est avant tout politique et en ce sens que ce soit le ministre de la Défense qui propose un plan pour le jour d’après n’augure rien de bon…