Guillaume Meurice, triste clown

par Laurent Joffrin |  publié le 07/11/2023

Auteur d’une comparaison pour le moins douteuse, l’humoriste se pose en martyr de la liberté d’expression. Quand un comique se change en zélote méprisant…

Portrait de l'humoriste et chroniqueur de France Inter Guillaume Meurice - Photo Martin Bertrand / Hans Lucas

Ignorance ou arrogance ? Les deux à la fois, sans doute. Guillaume Meurice, le comique de France Inter qui ne fait plus rire, après avoir traité Benyamin Netanyahou de « nazi sans prépuce », ne comprend pas que le fait d’assimiler un Juif au nazisme puisse poser problème, quelles que soient les justes critiques qu’on puisse adresser par ailleurs au Premier ministre israélien.

Sommé de faire amende honorable, il a refusé en se drapant dans la liberté d’expression, qui a bon dos en l’occurrence. Sanctionné par un avertissement, il annonce qu’il attaquera la décision de France Inter en justice : étrange dilatation du moi, ou aveuglement découlant de sa dévotion à la gauche radicale, qui le fait persister et signer quand il est confronté à une légitime levée de boucliers.

Mépris, surtout à l’égard des Français juifs qu’il a pu blesser en invoquant de manière crétine un supposé droit à l’outrance qui tombe particulièrement mal quand la France connaît une dangereuse recrudescence des actes antisémites.

Il lui suffisait de quelques paroles d’excuses pour éteindre cet incendie. Mais la certitude qui habite les extrémistes en a décidé autrement. Il est vrai que dans leur vision sommaire, qui partage le monde entre victimes et bourreaux, entre dominés et dominants, Israël et les Juifs sont rangés par définition du côté des seconds. Pourquoi prendre des gants avec eux, qui symbolisent une sorte d’oppression ontologique ?

Comme si la politique du gouvernement israélien ne suscitait naturellement pas une critique assez sévère, sans qu’il soit besoin de l’affubler de comparaisons historiques absurdes et outrageantes. Dans ces conditions, pourquoi France Inter, radio de service public, devrait-elle garder à son micro un hurluberlu irresponsable, qui ne veut plus lui parler qu’au tribunal ?

Laurent Joffrin