Hamlet au PS
En décidant un « moratoire » dans ses relations avec la NUPES, le PS, qui croit être habile, montre surtout qu’il ne sait pas ce qu’il veut.
La NUPES est morte, dit-on. Peut-être, mais la direction du PS pense que ce cadavre vit toujours, tel un enterré vif dans les films de Mario Bava. Elle veut donc ménager l’avenir, c’est-à-dire continuer de croire, contre toute évidence, que Mélenchon, ce Jupiter tonnant, in fine, lui tendra une main secourable.
Il y a pourtant une autre voie pour la gauche responsable : être elle-même. C’est-à-dire être socialiste avant d’être NUPES. C’est-à-dire cesser d’alimenter le feuilleton lassant qui expose sans fin l’agonie d’une alliance dont tous les responsables de gauche, désormais, disent eux-mêmes qu’elle est impossible avec un Mélenchon atrabilaire et persuadé que la radicalité est la seule voie du salut.
Être elle-même, cela veut dire, dans l’immédiat, constituer une liste autonome pour les élections européennes, qui rassemble les socialistes dans et hors les murs, fondée sur un projet européen lui-même socialiste, c’est-à-dire social, écologique et démocratique, décidé à promouvoir une Union protectrice pour les peuples et décidée à défendre ses valeurs sur la scène mondiale. Une telle liste, tous les sondages le disent, peut réaliser un score au moins égal à celui de LFI et des écologistes, ce qui mettrait fin à l’humiliant magistère des sbires de Mélenchon sur la gauche.
Cela veut dire ensuite, une fois le test européen réussi, définir un projet crédible de transformation sociale pour le pays, qui propose une alternative crédible au libéralisme de plus en plus conservateur de Macron, autant qu’un barrage face à la régression nationaliste et xénophobe incarné par l’extrême-droite.
Cela veut dire, enfin, à l’approche de l’échéance décisive de 2027, sur la base d’un rapport de forces rééquilibré, nouer à gauche les alliances nécessaires à la victoire.
Le PS saura-t-il se hisser à la hauteur de son rôle historique ? Pour l’instant, tel Hamlet doutant de tout, il caricature la célèbre question : « être ou de pas être ? » Autrement dit, « être ou ne pas être » les successeurs de Jaurès, de Blum et de Mitterrand. Telle est la question, en effet. Comme on le sait, et faute d’y répondre, cette tragédie, que le PS rejoue en farce, se termine mal…