Hiba Abu Nada, romancière palestinienne, tuée à Gaza
Une poétesse palestinienne, un écrivain, des journalistes…les bombardements israéliens, qui visent les militants du Hamas, frappent aussi une population de civils bloqués dans Gaza surpeuplée
Peu avant sa mort, elle avait envoyé un message sur les réseaux : « La nuit de Gaza est sombre en dehors de la lueur des roquettes, silencieuse en dehors du bruit des bombes, terrifiante en dehors du réconfort de la prière, noire en dehors de la lumière des martyrs. Bonne nuit, Gaza ».
La poétesse palestinienne Hiba Abu Nada a été tuée à l’âge de 32 ans, par une frappe israélienne, dans son domicile au sud de la bande de Gaza. Poète et romancière, Hiba Abu Nada avait un parcours singulier. Née à la Mecque en Arabie Saoudite, elle avait décidé de regagner la Palestine, son pays d’origine, pour suivre des études en biochimie puis en nutrition clinique à l’Université Al-Azhar de Gaza.
Sa véritable passion reste l’écriture, elle participe à trois recueils de poésie et son roman, L’oxygène n’est pas pour les morts , qui a pour toile de fond les printemps arabes, est réédité quatre fois et remporte le prix Sharjah pour la créativité arabe. Ses lecteurs se rappellent la force et l’émotion de son expression qui contrastait avec la fragilité de la silhouette.
Bookseller nous apprend qu’un autre auteur palestinien, Talal Abu Shawish, a lui aussi été victime , ainsi que toute sa famille d’une frappe israélienne dans le camp de Nuseirat, surpeuplé, qui compte 66 000 habitants, au sud de la ville de Gaza. Et un autre écrivain, Atef Abu Saif, a perdu plusieurs membres de sa famille.
The Bookseller nous informe également qu’un autre auteur palestinien, Talal Abu Shawish, a lui aussi été victime, ainsi que toute sa famille, d’une frappe israélienne dans le camp de Nusayrat, quand l’écrivain a, de son côté, perdu plusieurs membres de sa famille. Son éditeur à Comma Press, maison d’édition indépendante, précise que l’auteur était personnellement impliqué dans la recherche des survivants dans les ruines de la région de Tal al-Hawa, recherches qui ont duré deux jours. Talal Abu Shawish avait d’ailleurs décrit l’épreuve, par le biais de mémos vocaux, « de creuser dans les décombres à mains nues et d’appeler les noms des disparus »
Les écrivains ne sont pas les seuls à être victimes des bombardements et les journalistes, qui travaillent dans des conditions de guerre, sont aussi frappés. Près de vingt journalistes ont été tués depuis le 7 octobre dans l’enclave. Le 22 octobre dernier, Radio France annonçait la mort de son fixeur palestinien, Rushdi Sarraj, tué par une frappe à Gaza.
Âgé de 31 ans, il travaillait depuis plus de dux ans pour la presse et des ONG internationales. Dans l’un de ses derniers messages sur Facebook, Rushdi écrivait : « Nous ne partirons pas. Et nous sortirons de Gaza pour [aller] au ciel, et seulement au ciel. »
L’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre dernier a fait 1400 morts israéliens et 199 otages toujours retenus par le Hamas. Israël a riposté essentiellement par frappes aériennes sur la bande de Gaza. Selon le Hamas, ces bombardements ont tué 5000 Gazaouis, militants islamistes et civils. La population, bloquée dans ce minuscule territoire surpeuplé – 45 km2, 2,3 millions d’habitants, 4000 personnes au km2 – est victime de pénuries d’eau, d’électricité et de nourriture. La prochaine étape devrait une offensive terrestre de Tsahal, l’armée israélienne, dont un général estimait qu’elle durerait en un et trois mois.
La poètesse Hiba Abu Nada, l’écrivain Talal Abu Shawish et le journaliste Rushdi Sarraj ne seront pas les derniers morts de Gaza.
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