Hong Kong : le vrai visage de la dictature « douce »
Plus de 3 ans après la fin d’« un pays, deux systèmes », la dictature communiste chinoise est pleinement effective.
D’apparence, rien ne laisse présager au touriste que la cité qu’il visite est sous la coupe d’une autocratie. La riche Hong Kong est une métropole extrêmement propre, avec d’excellentes infrastructures, où le monde entier se rend pour parler business autour des meilleures tables de restaurants du monde. Ville pleinement intégrée à la mondialisation, on y trouve des affiches de style japonais qui incitent les enfants à laisser leur place dans le métro aux personnes âgées, une vie culturelle riche et des logements confortables, mais très chers.
Enfin, la « muraille de Chine numérique » qui bloque l’accès aux sites internet qui ne coopèrent pas avec les services secrets chinois ne s’applique pas à cette « zone administrative spéciale ». De quoi donner une impression de normalité.
Mais sous ce vernis de perfection se cache une dystopie ultramoderne qui broie les faibles. Dans les parcs se réunissent le dimanche celles qui font tourner le quotidien des riches banquiers et traders de Hong Kong. Des dizaines et des dizaines de Philippines et de Malaisiennes ayant fui la pauvreté de leur pays pour devenir femmes de ménage ou nounous des expatriés qui font la fortune de la ville. Au pied des gratte-ciels, les immigrés d’Asie du Sud-Est passent le peu de temps libres que leur employeur leur octroie avec des proches devant un triste karaoké.
En plus des inégalités sociales criantes, l’ancienne colonie britannique est victime d’une intense répression invisible. Invisible, car la présence policière à Hong Kong est si légère que l’on remarque les militaires. En dehors des gardiens d’immeuble qui vérifient les cartes de résidents d’immeubles, on croise peu d’agents de sécurité. Cela est particulièrement frappant quand on compare aux patrouilles systémiques des soldats dans les gares et les aéroports français. Cette étrange situation tient au fait que tout à Hong Kong est fait pour prévenir les incivilités et les débordements : notamment s’ils sont politiques.
Le 23 mars, le chef de l’exécutif hongkongais John Lee, l’homme lige de Pékin, a mis en application une nouvelle loi imposée par le gouvernement chinois. Les « actes de trahison, de sabotage, d’ingérence étrangère ou de divulgation de secrets d’État » sont à présent punis de la prison à perpétuité. La définition très vague de ces crimes permet avant tout de viser la société civile et les voix discordantes. Aujourd’hui, poster des messages critiques envers les pouvoirs en place peut déjà valoir la prison.
Malgré un taux de criminalité particulièrement faible depuis plusieurs années, le chef de la police a annoncé pour cette année l’installation de 2000 nouvelles caméras de sécurité dans l’ensemble de la ville, dont le chiffre exact est tenu secret. À la question de savoir si ces outils de reconnaissance faciale pouvaient être utilisés pour des « questions de sécurité nationale », il a répondu laconiquement qu’elles traqueront tout « comportement illégal ». Une façon très vague d’autoriser un vaste programme très précis de répression tous azimuts.
Malik Henni