« Illibéralisme »
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Contrairement à ce qu’on croit souvent, les démocraties ne sont pas seulement définies par le pouvoir du peuple (demos : le peuple, kratos : le pouvoir). Pour mériter ce titre, elles doivent aussi se doter d’institutions qui garantissent les libertés, encadrées par une constitution fondée sur la déclaration des droits humains, selon le principe de « l’état de droit ». On dit souvent que ce sont des démocraties libérales (au sens politique et non économique du terme).
Quand un régime démocratique, fondé sur le vote populaire, réduit les libertés, s’affranchit des règles constitutionnelles, porte atteinte à l’indépendance de la justice ou de la presse, on dit qu’il s’agit d’une démocratie « illibérale ».
Le terme a été popularisé au tournant des années 2000 par le politiste américain Fareed Zakaria. La démocratie et le libéralisme politique, remarque-t-il, ont souvent existé l’une sans l’autre. « Des régimes démocratiquement élus, qui ont souvent été réélus et réaffirmés à travers des référendums ignorent de façon routinière les limites constitutionnelles de leur pouvoir et privent les citoyens de leurs droits et libertés fondamentales ».
Pour Pierre Rosanvallon, sociologue et professeur au Collège de France, la culture politique française présente aussi des tendances illibérales en dissociant « l’impératif démocratique et du développement des libertés ». Pour lui, le bonapartisme est « la quintessence » de cette culture politique. L’exemple le plus connu « d’illibéralisme » est incarné par la démocratie hongroise de Viktor Orban, qu’Emmanuel Macron reçoit aujourch’hui.