Immigration : 35 parlementaires au secours des sans-papiers

par Valérie Lecasble |  publié le 12/09/2023

Après des mois de tractations, 35 parlementaires menés par des figures de la gauche responsable s’engagent pour réclamer la régularisation des travailleurs étrangers dans les métiers en tension

Rassemblement devant le stade Charlety en soutien des gilets noirs embauches par la multinationale Elior pour la regularisation des travailleurs sans papiers qu’elle exploite. Paris, le 11 octobre 2019 -Photo Noémie Coissac / Hans Lucas /

Enfin, que ça fait du bien ! Il aura fallu sept mois de rendez-vous et de négociations secrètes pour que pour la première fois un groupe de parlementaires sous la houlette de Sacha Houlié, le Président de la Commission des lois à l’Assemblée nationale et sa collègue Stella Dupont engagée comme lui à la gauche de Renaissance, Fabien Roussel, le patron du parti communiste, Marie-Pierre de La Gontrie, sénatrice socialiste et Julien Bayou, député EE-LV,  portent ensemble le flambeau d’une Tribune commune où ils réclament de régulariser les sans-papiers dans les métiers en tension !

Ce pilier social du projet de loi sur l’immigration vise à faire sortir de la clandestinité tous ceux d’origine étrangère qui travaillent en France dans les métiers du BTP, l’hôtellerie, la restauration, la propreté, la manutention, l’aide à la personne sans avoir de papier en règle.

Quel casting plus idéal pour donner consistance à une gauche élargie, responsable et apte à gouverner que ce tableau qu’ils forment ensemble en Une de Libération !  Mieux, ils embarquent à leurs côtés 35 parlementaires, députés et sénateurs qui se sont associés à leur démarche.

En tout, six groupes politiques avec la signature de six parlementaires chacun : EE-LV, PCF, PS, Renaissance, Modem et Liot qui, lui, en compte cinq. Un axe humaniste fort, transpartisan qui compte quelques personnalités telles Boris Vallaud (PS) ou Maud Gatel (Modem) et qui brasse large. Mais qui conserve une structure cohérente : ni LFI à gauche ni Horizons à droite n’en font partie.

Cette mobilisation en cette rentrée de septembre n’a rien d’anodin. Elle fait monter la pression pour sauver la partie sociale du projet de loi sur l’immigration que Gérald Darmanin a promis de relancer dès les élections sénatoriales du dimanche 24 septembre.

Ces parlementaires soupçonnent en effet le Ministre de l’Intérieur de pencher après cette date en faveur d’une loi ancrée à droite ne se souciant aux côtés du patron de LR Eric Ciotti et de celui du Sénat Gérard Larcher, que du seul volet sécuritaire du projet sur l’immigration qui se veut à l’origine équilibré. Avec deux piliers, l’un sur la sécurité, l’autre sur les sans-papiers.

Voilà pourquoi leur texte défend au contraire la contribution à l’économie et à la vie sociale française des travailleurs d’origine étrangère qui s’investissent dans des métiers difficiles que les Français ont depuis longtemps délaissés.

Certains pourquoi pas chez LFI auront beau jeu de souligner le caractère hétéroclite de cette coalition. Le contenu de leur texte est au contraire courageux et réunit ceux qui croient dans les valeurs humanistes de notre pays.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique