Iran-Israël : attention, danger d’escalade !

publié le 13/04/2024

L’Iran annonce qu’elle va s’en prendre directement à Israël, Les États-Unis alertent sur un danger imminent que la communauté internationale prend très au sérieux… Jusqu’où ira Téhéran ?

Procession funéraire à Téhéran de sept membres du Corps des gardiens de la révolution islamique tués lors d'une attaque aérienne en Syrie, imputée par l'Iran à Israël. Deux généraux, ont été tués lors de la frappe aérienne du 1er avril, qui a détruit l'annexe consulaire de l'ambassade d'Iran à Damas -Photo Hossein Beris / Middle East Images

Joe Biden l’a annoncé avec une gravité surjouée : tout semble attester que l’Iran s’apprête à frapper Israël de façon directe. Téhéran promet une réponse exemplaire à l’attaque israélienne du 1er avril qui a détruit le consulat iranien à Damas et tué 13 personnes, parmi lesquelles des officiers des Gardiens de la révolution. Téhéran a promis de se venger.

Depuis le Golan syrien, l’Iran se borne pour l’heure, via le Hezbollah, à abattre Israël sous une grêle de roquettes, mais, comme le craint Washington, tout semble concourir à ce qu’il entre vite à découvert dans la spirale guerrière. Quelle forme prendrait cet engagement sans fard, hors proxys ? Rien ne permet pour l’heure de le dire, mais l’agitation diplomatique américaine atteste que l’administration Biden pressent le pire.

Depuis le 7 octobre, le pouvoir des mollahs, avec la complicité d’une Russie qui ferme les yeux en échange d’une aide matérielle indispensable à ses menées ukrainiennes, mène une danse dont l’objectif est double. Elle vise à la fois à mettre en péril Israël et à assurer un leadership chiite dans une région où « l’occidentalisation » subtile d’un certain nombre de puissances sunnites ou wahhabites (Qatar, EAU, Arabie saoudite, Égypte) aurait pu condamner l’Iran à jouer les faire-valoir géopolitiques.

Jusqu’ici, l’héritier de la finesse stratégique persane a pu compter sur ses proxys pour servir ce double intérêt. Il a lancé le Hamas au front le 7 octobre, enjoint les Hezbollah libanais, irakien et syrien de se livrer à des activités séditieuses visant les intérêts israéliens et américains dans leur zone d’activité. Il a soutenu la Russie dans sa quête d’influence en Afrique là où il s’est installé (Sahel, Nigeria, Sénégal, Afrique du Sud), jouant une fois encore sa propre carte avec la bénédiction d’un Poutine enchaîné par ses besoins en équipement, notamment en ruineux drones Shahed.

Quant à son influence au Yémen, d’où il peut peser sur le commerce mondial via le blocage du détroit de Bal el-Mandeb, elle est assurée par les Houthis, qui reçoivent l’aide iranienne en équipement et en entraînement. Le rival turc semble désormais empêché par le retournement de son peuple contre Erdogan.

La folle marche en avant sur Gaza de Netanyahou qui, çà et là, atteint sa cible (mort, le 10 avril, de trois fils d’Ismaël Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas) justifie une escalade aux yeux de l’opinion chiite que la frappe de Damas a ulcérée. La fragilité patente d’une Amérique, à la fois contrainte dans son action par le caprice du candidat Trump et par les excès droitiers d’Israël, semble donner une sorte de visa aux mollahs dont, en effet, tout semble désormais à redouter.