Isère : après Castets, le casse-tête du NFP

par Valérie Lecasble |  publié le 19/10/2024

Après le renoncement de Lucie Castets, Olivier Faure est contraint de soutenir la candidature de la socialiste Amandine Germain dans l’Isère. À moins de céder à Jean-Luc Mélenchon…

Lucie Castets à la Fête de l'Humanité, alors candidate du Nouveau Front Populaire au poste de Première ministre. (Photo de Stéphane MOUCHMOUCHE / Hans Lucas via AFP)

C’est de la tambouille politicienne locale mais elle a des conséquences de portée nationale. En raison des exigences posées par Jean-Luc Mélenchon, Lucie Castets renonce à se porter candidate à l’élection législative partielle de la 1ère circonscription de l’Isère. Elle devait succéder à Hugo Prévost, élu en juillet dernier face à Olivier Véran, qui s’est retiré après avoir été a été accusé de violences sexuelles et poussé à la démission par le groupe LFI auquel il appartenait.

Pour le commun des mortels, le renoncement de Castets est inexplicable. Après un été entier à la promouvoir jusqu’à en faire la candidate-vedette pour devenir Première ministre au nom du Nouveau Front Populaire, on se demande quelle exigence Jean-Luc Mélenchon a posé pour l’amener à jeter l’éponge. Forcée à la fin de l’été à quitter la Mairie de Paris où elle était directrice des achats, elle est depuis, à la recherche d’un point de chute pour rebondir. Pourquoi pas devenir la figure de proue de la gauche dans l’agglomération grenobloise ?

C’était sans compter avec l’esprit tordu de Jean-Luc Mélenchon. Qu’y avait-il de plus important : donner un second souffle à Lucie Castets au nom du Nouveau Front Populaire auquel il tient tant ? Ou bien défendre ses intérêts partisans ? Le leader de LFI a choisi la seconde option en imposant à Lucie Castets, si elle était élue députée, d’intégrer à l’Assemblée nationale le groupe LFI qui, on le sait, a déjà perdu trois de ses membres, passant de 75 à 72 députés depuis les dernières législatives, dont Hugo Prévost élu dans l’Isère.

Or Lucie Castets n’est pas membre de LFI et son nom a été soufflé par Olivier Faure pour candidater au poste de Première ministre. Son élection aurait réduit encore le groupe des députés LFI tout en grossissant les rangs d’une formation concurrente. Par exemple les Écologistes où se trouvent déjà les exclus de LFI, Ruffin, Corbière, Autain…), ou bien, pire encore, le groupe socialiste, qui a déjà doublé à 66 députés. Moins un d’un côté et plus un de l’autre, aurait ainsi resserré l’écart entre les deux formations politiques à seulement quatre : agaçant pour LFI qui en comptait deux fois plus que le PS du temps de la Nupes.

L’hypothèse Lucie Castets écartée, la bataille électorale promet de s’envenimer. D’un côté, LFI est à la recherche d’une nouvelle candidate, telles Salomé Robin, l’ex-suppléante de Hugo Prévost, Laura Pfister, adjointe au maire de Grenoble Eric Piolle, ou encore Salima Djidel, conseillère municipale. De l’autre, le PS a investi localement Amandine Germain, une élue locale proche de la minorité du PS, pour une « candidature d’union ». Désignée lors d’un vote par les militants de la Fédération de l’Isère, la conseillère départementale est depuis longtemps implantée dans le territoire et donc légitime auprès des électeurs.

LFI et le PS vont-ils présenter deux candidates et briser ainsi l’accord électoral du Nouveau Front Populaire ? Ou bien Olivier Faure va-t-il lâcher la circonscription à LFI en déjugeant la fédération de l’Isère ? Le Premier secrétaire du PS pourrait être d’autant plus tenté de le faire que celle-ci appartient à un courant qui lui est opposé. Mais il prendrait alors le risque de montrer qu’il s’est une fois de plus couché devant les exigences de Jean-Luc Mélenchon. Cruel dilemme pour un Premier secrétaire fragilisé.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique