Israël : la politique du fait accompli
Trêve ou pas ? Offensive sur Rafah ? Colonisation ? Netanyahou utilise son arme favorite : l’écran de fumée
Une trêve est-elle encore possible entre Israël et le Hamas ? se poser la question est en partie y répondre. C’est mal connaître la stratégie de Benyamin Netanyahou que d’y croire. En effet, le Premier ministre n’entend pas s’engager dans cette voie. Laisser penser que des négociations sont cours est un écran de fumée permettant de mieux camoufler les opérations militaires.
Lorsque les États-Unis déclarent être opposés à l’offensive terrestre sur Rafah, Netanyahou les rassure en disant qu’elle n’aura pas lieu et pendant ce temps sur le terrain, les chars avancent. Lorsque Washington annonce avoir renoncé à une livraison d’armes à Israël en signe de protestation, tout le monde ne parle que de ce sujet : Washington va-t-il ou non abandonner Israël et, là encore, pendant ce temps, les bombardements sur la bande de Gaza se poursuivent et Netanyahou affirme que la « bataille de Rafah est décisive ». Quelques jours plus tard, Washington informe le Congrès d’une livraison d’armes pour un milliard de dollars.
Le lendemain, 16 mai, le ministre israélien de la Défense annonce que des troupes supplémentaires vont participer aux combats au sol à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza : « Des troupes supplémentaires vont entrer » à Rafah et « l’activité (militaire) va s’intensifier », a -t-il ajouté. La conséquence de cette offensive est l’arrêt de l’entrée de l’aide humanitaire par le poste de Rafah passé sous contrôle israélien et ce n’est pas l’acheminement par bateau qui permettra de répondre aux besoins énormes de la population gazaouie.
Les observateurs se raccrochent à la négociation et ne regardent pas pendant ce temps-là la réalité sur le terrain. La stratégie israélienne se résume à celle du fait accompli, à l’œuvre dans la bande de Gaza comme elle l’est en Cisjordanie, la même depuis des décennies. L’exemple de la colonisation est éloquent qui, pendant des décennies, s’est poursuivie en dépit des condamnations de la communauté internationale et des résolutions de l’ONU dont aucune n’a jamais été appliquée. L’objectif de sa poursuite est de rendre impossible la création d’un État palestinien tant le territoire est devenu un « gruyère ».
Tant qu’aucune sanction ne sera appliquée contre Tel-Aviv, cette politique du fait accompli se poursuivra au détriment des droits des Palestiniens. Ce ne sont pas les sanctions décidées par l’Union européenne, les États-Unis ou le Canada contre quelques « colons extrémistes » qui changeront la donne.