Israël : la stratégie de la faim

par Agnès Levallois |  publié le 16/03/2024

 Le gouvernement israélien affame Gaza. La droite dure applaudit et deux tiers des Israéliens approuvent

RAFAH, GAZA - 15 MARS : Les Palestiniens de Rafah, à Gaza, font la queue pour recevoir de la nourriture distribuée par des organisations humanitaires - Photo Jehad Alshrafi / ANADOLU / Anadolu via AFP

J’ordonne un « siège complet » de la bande de Gaza, tels sont les propos du ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant le 9 octobre précisant : « pas d’électricité, pas de nourriture, pas de gaz, tout est fermé », « nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence ». Effectivement, la stratégie mise en place par le gouvernement israélien depuis plus de cinq mois vise à affamer la population au point que les organisations internationales considèrent que le manque d’eau et de nourriture a déjà causé la mort d’au moins 27 personnes, dont vingt-trois enfants.

L’Unicef révèle qu’un enfant de moins de deux ans sur six souffre de malnutrition aiguë. La décision de Netanyahou d’approuver les plans de l’armée pour l’offensive sur Rafah ne fait qu’accroitre les inquiétudes des humanitaires sur l’augmentation des risques de famine. Cette stratégie va bien évidemment à l’encontre du droit international et provoque même la colère du président américain.

L’Amérique va devoir livrer de l’aide par la mer pour contourner l’impossibilité de convaincre Israël d’ouvrir les points de passage afin que les convois puissent entrer et distribuer l’aide dont a tant besoin la population gazaouie.

Joe Biden est allé jusqu’à déclarer que le Premier ministre israélien « fait plus de mal que de bien à son pays ». Quelle marque d’impuissance de la première puissance mondiale qui ne se donne pas les moyens de contraindre son allié à infléchir sa stratégie.

Ce qui est très choquant c’est que la majorité des Israéliens approuve cette politique. Selon un sondage de The Israël Democracy Institute, plus des deux tiers des Juifs israéliens s’opposent à l’acheminement de l’aide humanitaire aux Palestiniens. Des manifestants israéliens bloquent régulièrement des camions d’aide à la frontière sud près de Rafah sous le regard complaisant de l’armée.

Rappelons que le siège de Gaza dure depuis 2007, et ce avec la complicité de l’Égypte. Depuis cette date, les Israéliens ont progressivement « oublié » l’existence des Palestiniens et n’éprouvent de ce fait aucune empathie à leur égard considérant, pour beaucoup d’entre eux, que tout Palestinien, y compris les enfants, est responsable des massacres du 7/10 et qu’à ce titre ces mesures sont « légitimes ».

Netanyahou s’appuie sur l’extrême-droite qui voit l’occasion d’opérer un nettoyage ethnique et pourquoi pas recoloniser l’enclave. Le comportement du gouvernement de Netanyahou se comporte comme certains états autoritaires de la région. En Syrie, Bachar al-Assad n’avait pas hésité à faire le siège d’Alep en 2016 pour obliger la population à se rendre.

Vice-présidente de l’iReMMO

Agnès Levallois

Editorialiste Etranger - Vice-présidente de l'IREMO