Israel-Palestine : les cartons rouges du football

par Yoann Taieb |  publié le 06/01/2024

Youcef Atal, joueur algérien condamné en justice, Karim Benzema qui « prie » pour Gaza, Noussair Mazraoui, marocain du Bayern de Munich, qui appelle à la victoire des « frères opprimés en Palestine », Thomas Tuchel, son entraineur qui soutient Israël, et Mbappe qui se tait…

Le joueur algérien de Nice Youcef Atal est convoqué devant les juges le 18 décembre 2023 pour avoir provoqué à la haine en partageant une vidéo appelant à un "jour noir" pour les Juifs, après des bombardements de représailles sur Gaza -Photo par UWE KRAFT / AFP

Un cas ressort de l’avalanche de messages « marquants » publiés depuis les attentats du 7 octobre et le début de la guerre entre Israël et le Hamas. C’est celui du footballeur international algérien Youcef Atal, défenseur de l’OGC Nice, condamné à huit mois de prison avec sursis et à une amende de 45 000 euros pour avoir partagé une vidéo appelant Dieu « à envoyer un jour noir sur les juifs ».

Son message a été posté alors que le joueur était en Algérie avec l’équipe nationale. Alerté par son club, il a retiré la vidéo et s’est excusé, affirmant devant le tribunal qu’il voulait partager un « message de paix » et qu’il n’avait pas regardé la totalité du document avant de le partager. » Il a ajouté que contrairement à beaucoup de sportifs arabes, lui, avait joué à Tel-Aviv avec l’équipe de Nice à l’été 2022, lors de la Coupe d’Europe.

Le 15 octobre, Karim Benzema, ballon d’or et meilleur joueur du monde 2022, a publié un message modéré sur Instagram : « Toutes nos prières pour les habitants de Gaza, victimes une fois de plus de ces bombardements injustes qui n’épargnent ni femmes ni enfants ». Un autre joueur de l’équipe de France etdéfenseur du FC Barcelone, Jules Koundé, a partagé un message du député socialiste européen Raphaël Glucksmann, dans lequel il soutenait que « s’attaquer à l’organisation terroriste Hamas est parfaitement légitime et nécessaire. Mais, pour viser le Hamas, nous ne pouvons cautionner l’empilement sans fin des cadavres palestiniens ».

Au PSG on préfère la discrétion. La star Kylian Mbappé après son tweet très critiqué sur la mort de Nahe a préféré se taire. Comme l’arrière droit marocain, Achraf Hakimi, Il avait manifesté son soutien à la cause palestinienne au printemps 2021, lorsqu’il évoluait à l’Inter Milan. En août 2022, arrivé au PSG, lors du Trophée des champions opposant Paris à Nantes délocalisé à Tel-Aviv, il avait été sifflé par le public.

En Angleterre, le brillant ailier de Liverpool, superstar du monde arabe, Mohamed Salah, a publié un message sobre appelant à « s’unir pour empêcher de nouveaux massacres d’âmes innocentes », « l’escalade de ces dernières semaines est insupportable à voir. Toutes les vies sont sacrées et doivent être protégées. ».EnAllemagne, le marocain du Bayern de Munich, Noussair Mazraoui, a appelé à la victoire des « frères opprimés en Palestine ». Il a été réprimandé, mais pas puni. Le prestigieux club allemand reste sur sa ligne neutre. Son entraîneur, Thomas Tuchel, a, lui, apporté son soutien à la famille israélienne d’un gardien, Daniel Peretz.

Les clubs optent pour la neutralité générale. Ils demandent aux fans de ne pas faire entrer la politique sur le terrain. En Premier League, la première division anglaise, l’instance dirigeante a conseillé aux équipes d’interdire les drapeaux israéliens et palestiniens en tribune . En Écosse, les Celtics de Glasgow ont sanctionné les fans de la « Green brigade » privés des prochains matchs de la saison, pour avoir diffusé des messages et brandi des drapeaux palestiniens lors d’un match européen.

Au PSG, les tribunes peuvent aussi se transformer en lieu de contestation. En octobre dernier, lors d’un match de ligue des champions contre Milan, des banderoles ont été déployées où l’on pouvait lire : « Crime de guerre à Gaza, que fait la communauté internationale ? »

Yoann Taieb