Italie: la politique anti-migrants fait naufrage
Où sont les voix fortes de l’extrême-droite ? Georgia Meloni avait promis d’en finir avec l’immigration. Elle a doublé ! Chut…
L’Italie au début de cette année compte 160 000 migrants de plus. Une augmentation de 100 % en un an. Un record. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Encore que ce total ne tient compte que des arrivées par mer et oublie tout ceux venus par la terre et qui ont franchi les frontières autrichiennes ou slovènes. Un échec patent pour le gouvernement de « la Meloni ». D’autant que cet exécutif est supposé agir selon un programme farouchement anti-migrants. On est donc d’autant plus éberlué. La péninsule n’a jamais accueilli, contrainte et forcée, autant d’étrangers clandestins ou pas’ sur son sol.
Bizarrement, les habituelles récriminations sur le thème de « l’invasion » n’ont jamais été aussi discrètes. Pas un communiqué, plus une insulte, pas un avertissement. Les médias eux-mêmes font peu état des ports envahis par des embarcations submergées par les vagues, des non-autochtones non désirés, des campements de fortune surpeuplés, à Lampedusa et ailleurs.
La présidente du Conseil, Giorgia Meloni et, son ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini, sont subitement devenus muets. Pourtant, on les a connus plus volubiles sur le sujet, fustigeant « une Italie de moins en moins sûre », « des villes dégradées et invivables », « des immeubles occupés illégalement ». Leur programme s’intitulait : « Pronti » (on est prêts). Prêts au « blocco degli sbarchi », le blocage des débarquements, aux rapatriements accélérés. Bilan, en 2023 : les expulsions se seront limitées à… 735 cas.
Salvini, le dur, le fort, l’implacable, celui qui évoquait la « guerre aux ONG », le lancement d’« opérations sécurité dans la rue », un « blocus naval », avec force slogans menaçants du type « La belle vie est finie pour les migrants », “Qu’ils restent chez eux !”, ou “D’abord les Italiens”, paraît terriblement impuissant. Ses rodomontades font de jolis ronds dans l’eau. Entre autres, parce que le droit maritime international ne lui permet pas de laisser les migrants se noyer et exige même de tout commandant de navire de leur porter secours. La ligne dure, anti-immigration a donc échoué. L’extrême-droite au pouvoir a du s’accommoder de cet échec. Parce que, en définitive, le pays a bien besoin de cette main-d’œuvre et que l’opinion publique ne manifeste à leur endroit que peu d’agressivité ou d’hostilité.
Au bout du compte, une seule initiative surnage dans cet océan de ratées. L’annonce de l’ouverture en Albanie, de l’autre côté de la mer Ionienne, d’un “hot spot” chargé de gérer au mieux 15 000 migrants par an. Au nom et aux frais de l’Italie. C’est à peine 10 % des malheureux débarqués dans la péninsule en 2023.
En Italie, on dit que si Giorgia Meloni, Première ministre d’extrême-droite, avait un conseil à donner à son amie Marine Le Pen, candidate à l’élection présidentielle française, à propos de la chasse aux migrants. Elle pourrait lui dire, en substance : “Lascia perdere mia cara”, “Laisse tomber ma chère”.