Italie : le crépuscule du populisme

par Marcelle Padovani |  publié le 09/03/2024

 Matteo Salvini s’effondre, Giorgia Meloni file doux, le Mouvement 5 étoiles renaît …Rien ne va plus pour les populistes de droite

Le chef du parti Lega, le sénateur italien Matteo Salvini, au siège de la Lega à Milan, en Italie. Photo Piero CRUCIATTI / AFP)

Le populisme, né en Italie il y a quinze ans et aujourd’hui au pouvoir à Rome, semble avoir du plomb dans l’aile. Le mal s’est répandu dans tout le monde occidental. Mais la variante italienne, paraît quasiment à l’agonie, en tout cas, sa variante d’extrême-droite, celle de la « Ligua ». Sous la houlette du « condottiere » Matteo Salvini, son audience s’est littéralement effondrée. En 2020, aux élections régionales et municipales de 2020, assorties d’un référendum sur la réduction du nombre de parlementaires, le mouvement avait receuilli recueille 30 % des suffrages.

Il y a huit jours, lors de la consultation régionale en Sardaigne, il a atteint à peine… 3 %.

 Aujourd’hui, les sondages, n’accordent à la Ligue que 8 % d’intention de vote. Cette formation a beau être au pouvoir aux côtés de la Présidente du Conseil Giorgia Meloni et de son parti post-fasciste Fratelli d’Italia  (Frères d’Italie), et avoir son leader à la fois vice-président du Conseil et ministre de l’Intérieur, plus personne ne fait le moindre pari sur sa longévité ou sa renaissance.

Le crépuscule de la Ligue s’annonce d’autant plus rapide qu’elle est en proie à des dissensions internes. De nombreux élus régionaux réclament la destitution du secrétaire général. Salvini est donc isolé chez les siens. Un de ses députés européens l’a même traité publiquement de « cretino ». Le ministre de l’Intérieur se trouve aussi en conflit permanent avec la Présidente du Conseil .

Aujourd’hui, Giorgia Meloni joue le jeu de l’homologation européenne, elle est même devenue l’amie de Von der Leyen et aspire à entrer au Parti populaire européen. Elle ambitionne donc de transformer, avec plus de 30 % des suffrages et sa solide popularité , son parti de droite assez extrême en un parti de centre-droite, façon de transformer Fratelli d’Italia en une sorte de Forza Italia à la Berlusconi. Sacré chemin parcouru !

Autant « la Meloni », atlantiste et pro-européenne, défend l’entrée de l’Ukraine dans l’UE et l’OTAN , autant Salvini multiplie les déclarations pro-russe, anti-Bruxelles, et anti-américaine.  On l’accuse d’avoir été financé par le Kremlin.  Et quand la Présidente du Conseil célèbre l’ouverture des travaux du G7 aux côtés de son invité ukrainien Zelinsky, Salvini réclame le « ralentissement italien des aides à l’Ukraine ».

Leur désaccord a éclaté au grand jour à propos de l’élection présidentielle américaine. Au moment où les médias montraient les images de « la Giorgia » paternellement embrassée sur le front par Biden lors de son voyage américain du 2 mars, Salvini annonçait son « soutien inconditionnel à Trump », le félicitait pour ses succès aux primaires et réclamait « un changement de cap à Washington ».

À « gauche », le populisme incarné par les « grillini » , les « grillons » du Mouvement5étoiles, lui se réforme. Il a remporté l’autre semaine, en compagnie du Parti démocrate, l’élection régionale en Sardaigne. Le mouvement n’est plus tout à fait une formation antisystème.

L’Italie politique d’aujourd’hui a donc changé de visage. Avec d’un côté, une Ligue aux allures de marche funèbre et, de l’autre, la résurgence d’un populisme de gauche assez malin pour se réformer et devenir un parti de gouvernement.  Le « Laboratoire italien »  réserve de bonnes surprises.

Marcelle Padovani

Correspondante à Rome