IVG dans la Constitution
L’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution a braqué les feux de la presse européenne sur la France
Sur un sujet de société qui peut être très clivant dans plusieurs pays, la presse d’opinion n’a pas manqué d’y voir tantôt une avancée pour les droits des femmes, tantôt le signe d’une civilisation occidentale décadente. Toute la presse constate en premier qu’il s’agit d’une réforme extrêmement populaire : 85 % des Français la soutiennent.
El Pais, pourtant proche des conservateurs espagnols, est dithyrambique et imagine la France prendre la tête d’un front mondial pour la défense de ce droit fondamental.
L’article du progressiste La Repubblica pourrait se résumer par « à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » : le « courage aurait été d’aller à contre-courant », comme F. Mitterrand avec l’abolition de la peine de mort. L’article rappelle par ailleurs que les positions féministes du Président français sont à géométrie variable : « Où était la France, juste pour donner un exemple, alors qu’en Europe il aurait été question de vote uni pour faire passer le principe selon lequel « sans consentement, c’est un viol? » Le journaliste attend la fin du « deux poids, deux mesures » français.
Mais les critiques les plus acerbes viennent évidemment de la presse catholique qui, à l’instar du clergé, n’a pas ménagé ses efforts pour critiquer la décision française. Rappelant que la Yougoslavie titiste a été le premier pays à inscrire l’IVG dans sa constitution en 1974, le média espagnol catholique en ligne Religion en Libertad accuse la France d’imiter « une dictature communiste ratée ».
Dans la même ligne, Religion en Libertad va plus loin en constatant que chaque année, les 234 000 avortements pratiqués équivaut à « la disparition de la ville de Montpellier ». Et de rappeler l’opposition de l’Église à toute forme « d’eugénisme », ce qui concernerait tout aussi bien l’avortement que l’euthanasie. La presse des pays de l’est de l’Europe trouve également à y redire.
Do dorzeczy, la voix du PIS polonais, ouvre ses colonnes à un militant italien anti-avortement pour qui « la décision de la France sur l’avortement est une menace pour notre civilisation ».
Le peu diffusé, mais influent magazine hongrois Hetek, fondé par un fervent pentecôtiste, dénonce la « célébration de la mort » française.
Son compatriote le Magyar Nemzet ne mâche pas ses mots à l’encontre de l’évocation par le Premier ministre Gabriel Attal du sort peu enviable des femmes hongroises, polonaises et américaines : « Qu’est-ce que les Hongrois ont à voir avec les avortements français ? » titre-t-il. La majorité des Hongrois sont d’accord pour considérer que la vie débute avec les premiers battements de cœur. Battements que la femme qui souhaite avorter doit écouter avant de prendre toute décision définitive. Le quotidien note cependant le gain politique pour Emmanuel Macron qui « a révélé les divisions entre les partis conservateurs et d’extrême droite et les a forcés à discuter de questions sur lesquelles ils avaient longtemps préféré garder le silence ».