J-10 : Bardella Furiosa

par Valérie Lecasble |  publié le 29/05/2024

Fort des sondages qui le donnent largement vainqueur, le candidat RN voudrait en faire un résultat à dimension nationale

D.R

« Si notre liste arrive en tête, alors que le parti au pouvoir fait 15 %, en tous cas dans les intentions de vote, ce sera un désaveu pour Emmanuel Macron qui n’a pas de majorité [..] Et si moi j’arrive en tête le 9 juin prochain, je demanderai la dissolution de l’Assemblée nationale. Le Président de la République doit prendre acte de ce scrutin ».

Fort de son score de 34 % dans les sondages, avec 87 % de ses électeurs qui se disent certains de voter pour lui, Jordan Bardella fend l’armure. Malgré sa tête de gendre idéal, cravaté, bien peigné et propre sur lui qui cherche à rassurer avec son ton calme et posé, le leader du Rassemblement National ne cache en réalité plus sa véritable ambition, celle de nationaliser le scrutin et d’aller défier Emmanuel Macron. Sur Public Sénat, il martèle que le 9 juin est la seule élection nationale du quinquennat. « Nous sommes des députés français au Parlement européen (..) On est dans une élection nationale et européenne ».

Certes, les Présidents en place ont l’habitude de se faire bousculer lors des élections européennes sans forcément en tirer de conséquences nationales. Mais avec Jordan Bardella, le registre est différent. D’abord parce que la victoire annoncée serait quasi sans précédent : seule Simone Veil avec ses 41 députés emmenés au Parlement européen en 1984 devancerait les quelque 35 élus attendus du Rassemblement National. Ensuite parce que la politique que préconise Jordan Bardella est en rupture violente avec celle de la majorité présidentielle, le premier prône moins d’Europe quand le second en réclame davantage.

Bref, par l’ampleur et la radicalité, le désaveu serait cinglant. Le leader du RN le sait qui piaffe d’en tirer avantage.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique