J-8 : les candidats en première ligne

par Valérie Lecasble |  publié le 31/05/2024

Qui sont les gagnants et les perdants des grands débats de fond sur l’Europe? Palmarès des candidats

D.R

Transformation écologique, pouvoir d’achat, immigration ou guerre en Ukraine, malgré le bruit et les invectives, le bon niveau des échanges a permis aux électeurs de se faire leur opinion. Dernier combat en date, ce 4 juin sur France 2 avec les huit principales têtes de liste, suivies de huit autres, à 0,5 % des voix.

Raphaël Glucksmann a réussi à créer une vraie dynamique de campagne jusqu’à talonner, à la surprise générale, son adversaire macroniste, Valérie Hayer. Le grand public le connaissait comme défenseur des Ouighours, expert en sujets internationaux, capable de dramatiser les enjeux comme l’Ukraine alors que la guerre est aux portes de l’Europe. On le découvre calme et convaincant, passionnément pro-européen, tenant d’un projet écologique et partisan de la reconstruction d’une social-démocratie rénovée.

Manon Aubry lui a disputé la vedette, en essayant de convaincre que la vraie gauche c’est elle et pas lui. Veste rouge et cheveux noirs, pugnace, intarissable combattante contre les riches, Israël, et l’Europe libérale, elle a campé sur la stratégie de La France Insoumise de chasser dans le cœur de son électorat pro-palestinien et communautariste.

François-Xavier Bellamy a gagné la stature d’un homme de droite clairement revendiqué. On le disait trop mou et sans beaucoup de saveur, il s’est révélé percutant surtout quand il s’est ligué avec Raphaël Glucksmann contre la présence sur la liste du RN du « traître russophile « Thierry Mariani. En dépassant la barre des 5 %, il pourrait sauver Les Républicains de la déculottée redoutée.

Jordan Bardella a gagné parce qu’il n’a pas perdu. Il a même pris un point de plus à 34 % lors du débat qui l’a opposé à Gabriel Attal. Pas aussi affûté que d’autres sur le fond des dossiers, sa posture en retrait et son look de gendre idéal réussissent à masquer sa véritable agressivité.

Léon Deffontaines, à 28 ans, est une révélation. Jeune poulain de Fabien Roussel, dont il emprunte des expressions, sa façon de réclamer le « respect » et de renvoyer les autres à leurs sentiments de supériorité provoque une sympathie naturelle. Dommage qu’il soit parfois tenté de chasser sur les terres du RN sur l’idée d’une Europe du repliée sur elle-même.

Marion Maréchal n’est pas pour rien la nièce de Marine Le Pen. Quelques vacheries, une morgue affichée, sûre de son bon droit, elle va jusqu’à lancer à Marie Toussaint « T’inquiète, je vais m’occuper de toi » ! Ouvertement raciste et xénophobe, l’immigration reste son sujet de prédilection et elle partage volontiers avec le RN la volonté de bouter tous les immigrés hors de France.

 Valérie Hayer, superbement isolée pour défendre le bilan d’Emmanuel Macron, a dû affronter le tir groupé des autres candidats. Las ! Elle se prend les pieds dans le tapis en se trompant avec insistance sur le vote du budget de Défense et n’a plus réussi ensuite à regagner sa crédibilité, n’osant même plus répondre sur la Défense européenne ou sur la reconnaissance d’un État palestinien. Jusqu’à finalement choisir de se taire…

Marie Toussaint risque de faire passer les écologistes en dessous des 5 % nécessaires pour envoyer au moins un député au Parlement européen. La faute en partie à Raphaël Glucksmann qui, avec sa révolution écologique,  lui a coupé l’herbe sous le pied. Pour le reste, son argumentaire filandreux et sa diction hasardeuse ne lui ont jamais permis de s’exprimer vraiment. Et de convaincre.

Valérie Lecasble

Editorialiste politique